Les législateurs de l’État de New York viennent de franchir une étape importante dans la protection de la santé mentale et de la vie privée des jeunes en adoptant une loi qui limite l’accès des moins de 18 ans aux « flux addictifs » sur les réseaux sociaux. La loi SAFE (Stop Addictive Feeds Exploitation) for Kids Act obligera les plateformes à obtenir le consentement parental avant de pouvoir montrer aux mineurs des contenus recommandés par des algorithmes.
Qu’est-ce qu’un « flux addictif » selon la loi ?
Le texte définit un flux addictif comme un fil où les contenus sont recommandés ou priorisés en fonction des données de l’utilisateur ou de son appareil. Cela vise donc les fils d’actualité et de recommandations omniprésents sur la plupart des apps sociales. En revanche, les flux non-addictifs, notamment ceux affichés par ordre chronologique, resteront autorisés pour tous.
Un large soutien politique malgré l’opposition de l’industrie tech
La loi, portée par le sénateur démocrate Andrew Gournades et la députée Nily Rozic, a reçu le soutien appuyé de la gouverneure Kathy Hochul et de la procureure générale de l’État Letitia James. Hochul a salué son adoption, aux côtés d’une autre loi protégeant les données personnelles des enfants, comme « une avancée historique » face à « la crise de santé mentale des jeunes ».
Pourtant, le lobby tech NetChoice, qui représente des géants comme Google, Meta et Snap, a qualifié la loi SAFE de « dangereuse et inconstitutionnelle ». Son vice-président Carl Szabo dénonce « une atteinte à la liberté d’expression et à l’Internet ouvert » et accuse New York de vouloir « tracer les sites visités et l’activité en ligne des gens en obligeant les sites à censurer tout contenu sauf si les visiteurs fournissent une pièce d’identité pour vérifier leur âge ».
Quelles obligations pour les réseaux sociaux ?
Pour se conformer à la loi, les plateformes devront mettre en place un système de vérification de l’âge des utilisateurs. Elles auront aussi l’interdiction d’envoyer aux mineurs des notifications liées aux flux addictifs entre minuit et 6h du matin, sauf accord parental. En cas d’infraction, elles s’exposeront à des amendes pouvant atteindre 5000 dollars par violation.
Un premier pas vers une meilleure protection des jeunes en ligne
Si elle est signée par la gouverneure comme prévu, la loi SAFE entrera en vigueur un an après sa promulgation. Au-delà de son impact direct, elle marque une volonté croissante des régulateurs de s’attaquer aux dérives des réseaux sociaux et à leurs effets néfastes sur les plus jeunes. D’autres États et pays pourraient suivre l’exemple new-yorkais.
New York ouvre la voie à l’échelle nationale pour protéger nos enfants des flux addictifs des réseaux sociaux et protéger leurs données personnelles des entreprises prédatrices.
Kathy Hochul, gouverneure de l’État de New York
Face aux multiples révélations sur les pratiques toxiques de certaines plateformes et leur impact sur la santé mentale, la pression monte pour une meilleure régulation. La loi SAFE s’inscrit dans un contexte de défiance croissante envers le modèle économique et les algorithmes opaques des réseaux sociaux, accusés de favoriser l’addiction et d’exposer la jeunesse à des contenus inadaptés.
Reste à voir comment l’industrie s’adaptera et si ce texte résistera aux probables recours en justice. Mais une chose est sûre : le vent est en train de tourner et les géants de la tech devront de plus en plus rendre des comptes sur la protection des mineurs en ligne. À suivre donc.