Meta suspend ses projets d’utilisation des données européennes pour entraîner son IA

Dans un contexte de course effrénée à l’intelligence artificielle, les géants de la tech cherchent par tous les moyens à nourrir leurs modèles avec un maximum de données. Cependant, Meta vient de se heurter à un obstacle de taille : les régulateurs européens. Le groupe a en effet annoncé la suspension de ses projets visant à exploiter les données des utilisateurs de l’UE et du Royaume-Uni pour entraîner ses systèmes d’IA, face aux inquiétudes soulevées par les autorités de protection des données.

Le RGPD, un frein à l’appétit de données de Meta

Si Meta utilise déjà le contenu généré par les utilisateurs pour entraîner son IA sur des marchés comme les États-Unis, les strictes réglementations européennes en matière de protection des données, à commencer par le RGPD, compliquent singulièrement la tâche pour l’entreprise. Le mois dernier, Meta avait commencé à informer ses utilisateurs d’une prochaine modification de sa politique de confidentialité, lui conférant le droit d’utiliser le contenu public de Facebook et Instagram pour entraîner son IA. Une initiative qui n’a pas manqué de susciter des réactions.

La DPC se félicite de la décision de Meta de suspendre ses plans visant à entraîner son grand modèle de langage en utilisant le contenu public partagé par les adultes sur Facebook et Instagram à travers l’UE/EEE.

– Commission irlandaise de protection des données (DPC)

Un processus d’opt-out critiqué

Outre les plaintes déposées par l’organisation de défense de la vie privée NOYB, estimant que Meta enfreint plusieurs aspects du RGPD, c’est le processus même d’opt-out proposé aux utilisateurs qui a fait l’objet de vives critiques. Comme le souligne le régulateur britannique, l’Information Commissioner’s Office (ICO) :

Pour tirer le meilleur parti de l’IA générative et des opportunités qu’elle offre, il est crucial que le public puisse avoir confiance dans le respect de ses droits à la vie privée dès le départ.

– Stephen Almond, Directeur exécutif de l’ICO

Meta arguait de son côté que son approche était couverte par la notion « d’intérêt légitime » prévue par le RGPD. Un raisonnement qui n’a visiblement pas convaincu les régulateurs au vu de la complexité du processus d’opt-out.

Une course à l’IA sur fond d’enjeux éthiques et réglementaires

Au-delà du cas Meta, cette affaire met en lumière les défis posés par la course à l’IA dans laquelle se sont lancées les entreprises tech. Si l’accès à de vastes jeux de données est indispensable pour entraîner des modèles performants, à l’image de ceux développés par OpenAI ou Google, la question du respect de la vie privée et du consentement des utilisateurs est plus que jamais cruciale.

Reste à voir comment Meta adaptera sa stratégie suite à ce revers. Une chose est sûre : trouver le juste équilibre entre innovation et protection des données sera un enjeu majeur pour les acteurs tech dans les années à venir, tout particulièrement sur le Vieux Continent.

  • Meta contraint de revoir ses plans pour nourrir son IA avec les données des Européens
  • Le RGPD, un sérieux obstacle dans la course à l’IA
  • Un processus d’opt-out jugé trop complexe par les régulateurs
  • Trouver l’équilibre entre innovation et vie privée, le défi des géants tech
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