Imaginez recevoir vos courses en seulement 10 minutes, livrées directement à votre porte. C’est la promesse alléchante du commerce rapide, un modèle qui séduit de plus en plus les consommateurs indiens, particulièrement dans les grandes villes. Les acteurs majeurs de ce secteur, tels que Blinkit, Zepto et Swiggy Instamart, sont déjà en passe d’atteindre la rentabilité. Mais cette ascension fulgurante pourrait-elle menacer les géants du e-commerce traditionnel comme Amazon et Flipkart ?
Un marché au potentiel immense
L’Inde représente un terrain de jeu idéal pour le commerce rapide. Avec des ventes e-commerce estimées entre 60 et 65 milliards de dollars en 2023, le pays reste loin derrière la Chine. Pourtant, son marché de détail total dépasse les 1000 milliards de dollars, dominé par le secteur informel des petits commerces de proximité, les fameux « kirana ». C’est justement ce modèle que le commerce rapide cherche à disrupter, en s’appuyant sur un réseau de mini-entrepôts stratégiquement placés au cœur des villes.
Le marché est énorme et, sur le papier, mûr pour une disruption. Rien de ce qui a été fait jusqu’à présent n’a eu d’impact matériel sur l’industrie.
– Un entrepreneur expérimenté du secteur de la distribution
Des habitudes de consommation favorables
Plusieurs facteurs expliquent l’adoption rapide du commerce rapide en Inde :
- Les foyers indiens stockent un grand nombre de produits, nécessitant des réapprovisionnements fréquents
- L’espace de stockage limité rend les achats mensuels en gros moins pratiques
- Les consommateurs privilégient l’achat de produits frais
Selon Bernstein, les plateformes de commerce rapide peuvent proposer des prix 10 à 15% moins chers que les kirana, tout en maintenant des marges brutes d’environ 15%. Elles étendent continuellement leur catalogue produits, visant jusqu’à 10 000 à 12 000 références.
Un défi pour les géants du e-commerce
Si le commerce rapide n’a pas besoin de s’étendre au-delà de l’alimentaire, un marché déjà colossal en Inde, son incursion dans l’électronique et la mode pourrait inquiéter Amazon et Flipkart. L’électronique représente 40 à 50% de leurs ventes. Cependant, la vente de smartphones et autres produits coûteux reste pour l’instant anecdotique et difficilement réalisable à grande échelle pour le commerce rapide, dont les infrastructures ne sont pas adaptées à la logistique inverse.
Ça n’a aucun sens. Ce en quoi le commerce rapide est bon, c’est le commerce en avant. Mais les smartphones et autres articles coûteux ont un taux de retour non négligeable.
– Un investisseur pionnier dans une entreprise majeure de commerce rapide
Un phénomène encore urbain
Pour l’instant, le commerce rapide reste concentré dans les 25 à 30 plus grandes villes indiennes. Selon Goldman Sachs, la demande dans les petites villes rend difficile la rentabilité de la livraison express de produits frais. Flipkart, qui lancera son service de commerce rapide le mois prochain, ciblera dans un premier temps un nombre limité de villes, voyant là une opportunité de séduire les clients d’Amazon Inde.
Alors que les marques misent de plus en plus sur le commerce rapide comme leur canal à la croissance la plus rapide et que les consommateurs plébiscitent la praticité et la proposition de valeur des livraisons en 10 minutes, la scène est prête pour une bataille féroce entre commerce rapide et géants du e-commerce en Inde. Qui en sortira vainqueur ? L’avenir nous le dira.