Dans l’univers du capital-risque, nombreux sont ceux qui se targuent d’être « founder friendly ». Mais rares sont ceux qui poussent ce concept aussi loin que Ludlow Ventures, une société d’investissement basée à Detroit qui vient de fêter ses 15 ans d’existence.
Une approche centrée sur l’humain
Pour Jonathon Triest et Brett deMarrais, les deux associés de Ludlow Ventures, la clé de leur longévité réside dans leur capacité à lire les gens et à tisser des relations durables avec les fondateurs. Une approche qui peut sembler naive, mais qui s’est révélée payante au fil des années.
Pourtant, au départ, rien ne prédestinait ce duo à réussir dans le monde du capital-risque. Ni Triest ni deMarrais n’avaient d’expérience opérationnelle ou d’investissement lorsqu’ils ont lancé Ludlow en 2009. Triest venait à peine de terminer ses études, tandis que deMarrais avait pour seule expérience professionnelle la gestion d’une entreprise de vidéographie de mariages.
Un premier succès avec Honey
Mais leur approche « à l’instinct » a rapidement porté ses fruits. En 2012, lors d’un voyage à Los Angeles, ils rencontrent Ryan Hudson et George Ruan, deux entrepreneurs qui travaillent sur une extension Chrome permettant aux clients de bénéficier de réductions. Si l’idée ne les emballe pas, Triest et deMarrais sont séduits par la personnalité des fondateurs :
George et Ryan étaient tellement bons. On a eu du mal à se passionner pour leur produit, mais on a senti qu’ils avaient quelque chose de spécial.
– Jonathon Triest
Ludlow décide donc d’investir dans Honey, devenant ainsi le premier investisseur de la startup. Un pari gagnant puisqu’en 2020, Honey sera rachetée par PayPal pour la modique somme de 4 milliards de dollars, permettant à Ludlow de réaliser un retour sur investissement de 6x.
250 millions de dollars sous gestion
Aujourd’hui, Ludlow Ventures gère plus de 250 millions de dollars d’actifs, dont un nouveau fonds de 50 millions tout juste clôturé avec le soutien d’investisseurs de renom comme le milliardaire Dan Gilbert ou encore la société de services financiers Northern Trust.
Mais malgré sa croissance, Ludlow reste fidèle à sa philosophie de départ : miser avant tout sur les personnes, quitte à se tromper parfois sur les idées ou les secteurs. Une approche qui tranche avec celle de nombreux fonds qui se focalisent sur la « due diligence » au détriment de l’intuition.
Un portefeuille diversifié
Cette stratégie a permis à Ludlow de bâtir un portefeuille éclectique d’une centaine de startups, allant de la fintech Flex (qui propose de fractionner le paiement des loyers) à Density (une solution d’analyse des espaces de travail valorisée plus d’un milliard de dollars), en passant par Notarize (un réseau de notaires en ligne) ou encore Backbone (qui transforme les iPhones en consoles de jeu).
L’importance des relations humaines
Pour Triest, le fil rouge qui unit toutes ces entreprises, c’est avant tout la qualité de leurs fondateurs et la relation de confiance qui s’est nouée avec eux. Une approche qu’il résume ainsi :
Je déteste tout ce baratin sur le fait d’être « founder friendly ». La plupart du temps, il n’y a aucune sincérité derrière. Chez Ludlow, si on n’est pas invités au mariage de nos fondateurs, c’est qu’on a échoué.
– Jonathon Triest
Une philosophie qui peut paraître naïve, mais qui a fait ses preuves. La longévité de Ludlow Ventures en est la meilleure illustration : dans un secteur où les fonds se créent et disparaissent à un rythme effréné, célébrer ses 15 ans est un véritable exploit. La preuve qu’au-delà des modes et des tendances, les relations humaines restent le meilleur investissement qui soit.