L’Industrie Des Semi-Conducteurs Face Au Défi De L’Eau À Grenoble

Grenoble, capitale des Alpes française, est au cœur d’une polémique grandissante opposant les géants de la microélectronique à un collectif de riverains et militants écologistes. En cause : l’utilisation massive d’eau par les entreprises du secteur des semi-conducteurs, très présentes dans la région. Un sujet brûlant qui soulève des questions cruciales sur la gestion durable des ressources face au dérèglement climatique.

La Silicon Valley à la française sous tension

Avec ses universités, ses instituts de recherche et ses entreprises high-tech, Grenoble peut légitimement prétendre au titre de « Silicon Valley française ». STMicroelectronics et Soitec, deux géants des semi-conducteurs, y ont établi des sites de production majeurs. Mais cette success story industrielle se heurte aujourd’hui à la contestation grandissante du collectif StopMicro.

Le collectif est né d’une forme « d’alignement d’étoiles », entre l’annonce de l’extension du site de STMicroelectronics à Crolles et la canicule de 2022.

– Un porte-parole de StopMicro

Alors que les projets d’extension de ST et Soitec ont été accueillis avec enthousiasme par le gouvernement, s’inscrivant dans la stratégie de souveraineté européenne portée par le Chips Act et le plan France Relance, les militants dénoncent « l’accaparement des ressources en eau » par l’industrie. Un mot d’ordre résume leur priorité : « De l’eau, pas des puces ».

Des usines assoiffées dans un contexte de raréfaction de l’eau

La fabrication de semi-conducteurs est un processus particulièrement gourmand en eau. D’après les estimations, une usine de production de wafers de 300 mm comme celle de ST à Crolles consomme entre 5 et 15 m3 d’eau ultra-pure par wafer. Au total, le site devrait utiliser près de 20 000 m3 d’eau potable par jour après extension.

Si une partie de cette eau est recyclée et réutilisée, l’industrie peine encore à réduire significativement son empreinte hydrique du fait de l’effet rebond : les gains d’efficacité sont annulés par l’augmentation de la production. Un cercle vicieux que dénonce StopMicro, pointant les risques environnementaux comme l’eutrophisation des cours d’eau par les rejets industriels.

Vers une prise de conscience de la sobriété numérique ?

Au-delà de la bataille de l’eau, le collectif espère amener le débat sur le terrain de la sobriété numérique. Car pour les militants, les composants produits à Grenoble ne servent qu’à alimenter une société de consommation de « gadgets électroniques », bien loin des enjeux de souveraineté.

Nous sommes convaincus que la technologie a un rôle essentiel à jouer pour relever les défis environnementaux, sociaux et économiques auxquels notre monde est confronté.

– Jean-Marc Chery, PDG de STMicroelectronics

Face à ce discours « technosolutionniste », StopMicro appelle à repenser en profondeur notre rapport au numérique et ses impacts environnementaux. Une réflexion nécessaire à l’heure du dérèglement climatique, loin des caricatures. Car si la transition écologique ne pourra se faire sans innovations technologiques, elle devra aussi s’accompagner d’une remise en question de nos modes de production et de consommation.

  • Les semi-conducteurs, une industrie particulièrement consommatrice d’eau
  • À Grenoble, la contestation monte face aux projets d’extension
  • Vers une prise de conscience de la nécessaire sobriété numérique ?

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