Lors du symposium MIT Sloan CIO en mai dernier, un parallèle intéressant est apparu. Alors que les directeurs des systèmes d’information (CIO) discutaient de la dernière technologie en vogue, l’IA générative, leurs préoccupations faisaient écho à celles exprimées il y a une quinzaine d’années au sujet du cloud computing.
À l’époque, les entreprises s’inquiétaient de la gouvernance (coché), de la sécurité (coché) et de l’utilisation responsable d’une nouvelle technologie (coché). Des enjeux qui résonnent fortement aujourd’hui face à l’IA générative.
Leçons tirées du shadow IT
En 2010, la consommation de masse des technologies de l’information débutait. Les employés cherchaient au bureau la même expérience qu’à la maison. Face aux refus de la DSI, ils se tournaient vers le shadow IT pour trouver des solutions par eux-mêmes. Un phénomène difficile à contrôler sans verrouiller complètement les systèmes.
Aujourd’hui, les CIO reconnaissent que dire simplement « non » à l’IA générative ne les prémunira pas de son adoption par les employés. Malgré les inquiétudes légitimes (hallucinations, propriété intellectuelle…), une approche plus réaliste s’impose.
Nous ne pouvons et ne voulons pas être « les agents du non », dicter ce que chacun peut faire ou non. Mais nous pouvons nous assurer que les gens comprennent leur responsabilité en tant qu’utilisateurs de ces outils.
– Akira Bell, CIO de Mathematica
Accompagner un usage responsable
Plutôt que d’interdire, les DSI misent sur un usage responsable de l’IA générative et cherchent des moyens d’améliorer l’expérience client grâce à elle. Cela passe par :
- La gouvernance et la préparation des données
- La formation des employés aux bonnes pratiques
- L’identification d’use cases pertinents
- La prise en compte des enjeux de sécurité
L’objectif est d’offrir un cadre pour utiliser l’IA en cohérence avec les valeurs de l’entreprise, sans pour autant bloquer l’accès à la technologie.
Apprendre par l’expérimentation
Chez GE Vernova, la CIO Angelica Tritzo adopte une démarche progressive. Via des pilotes à différents stades de maturité, l’entreprise apprend à maîtriser la technologie, à identifier les écueils et les opportunités.
Pour Chris Bedi, CDIO de ServiceNow, il faudra rapidement considérer l’IA générative comme un incontournable pour les employés. Ceux-ci exigeront bientôt de tels outils pour ne pas avoir à effectuer certaines tâches manuellement.
Former une main d’œuvre « AI-literate »
ServiceNow s’attelle donc à former ses équipes à l’IA, pour disposer d’une main d’œuvre à l’aise avec ces technologies. Des parcours d’apprentissage par niveaux ont été créés, avec passage obligé par le niveau 101 pour tous les collaborateurs.
Tout ceci suggère que même si les inquiétudes des DSI face à l’IA générative rappellent celles exprimées au début du cloud, ils ont tiré des leçons en chemin. Plutôt que de verrouiller, il s’agit d’accompagner les employés pour qu’ils utilisent ces outils de façon sûre et efficace. Car de toute façon, ils finiront par s’en emparer.