L’Union européenne vient de franchir une étape majeure dans la mise en œuvre de son ambitieux plan de soutien au secteur des semi-conducteurs, le Chips Act. Un appel à propositions a été lancé le 4 juillet dernier, visant à stimuler le développement et l’adoption de technologies de pointe dans le domaine des puces électroniques. Une enveloppe conséquente de 325 millions d’euros est mise sur la table, avec la possibilité pour les États membres d’abonder ce montant.
Le Chips Act, un plan en trois piliers
Pour rappel, le Chips Act est entré en vigueur en septembre 2023. Il s’articule autour de trois grands axes d’action. Le premier, baptisé « Chips for Europe », se concentre sur le soutien à l’innovation pour aller chercher des technologies de rupture. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’appel à propositions qui vient d’être lancé.
Cet appel est porté par la « Chips Joint Undertaking », une entreprise commune créée spécifiquement pour mettre en œuvre le volet innovation du Chips Act. Il s’agit d’un partenariat tripartite réunissant la Commission européenne, trois associations industrielles et un regroupement d’États membres, dont la France. Certains pays hors UE, comme l’Islande ou Israël, ont également été conviés à participer, au vu de leur expertise dans le domaine des semi-conducteurs.
Trois volets pour candidater
Les acteurs industriels et les organismes de recherche pourront candidater sur trois volets distincts :
- Ligne pilote : spécialisée dans les circuits intégrés photoniques, ces puces prometteuses utilisant la lumière pour transmettre des informations à grande vitesse tout en économisant de l’énergie. Ces lignes de test permettront de développer une nouvelle génération de puces pour ordinateurs haute performance, centres de données et communications haut débit.
- Centres de compétence : ils visent à apporter une expertise et un lieu d’expérimentation aux entreprises, en particulier les PME, pour améliorer leurs capacités de conception et monter en compétences.
- Plateforme de conception sur le cloud : de nombreuses entreprises de semi-conducteurs, comme Nvidia, sont des « fabless ». Elles conçoivent les puces sans les fabriquer. Cette plateforme mettra à disposition des universités, start-up et PME les outils informatiques sophistiqués nécessaires à la conception.
Un calendrier serré
Les candidats ont jusqu’au 17 septembre, 2 octobre et 10 octobre, selon les volets, pour déposer leurs dossiers. La Commission européenne organisera des sessions d’information détaillées les 11 et 12 juillet prochains.
Cet appel à propositions marque une étape cruciale dans la stratégie européenne pour rattraper son retard dans le domaine des semi-conducteurs, face à des géants comme les États-Unis ou la Chine.
Thierry Breton, Commissaire européen au Marché intérieur
L’objectif affiché est ambitieux : faire passer la part de l’UE dans la production mondiale de puces de 10% actuellement à 20% d’ici 2030. Pour y parvenir, Bruxelles mise sur un soutien massif à l’innovation, comme en témoigne cet appel à propositions, mais aussi sur des investissements conséquents dans les capacités de production, via des aides d’État et l’attraction d’investisseurs étrangers.
Le chemin est encore long, mais l’Europe semble déterminée à ne pas se laisser distancer dans cette course technologique mondiale. Les prochains mois seront décisifs pour voir si le Chips Act parviendra à tenir ses promesses et à repositionner le Vieux Continent sur l’échiquier mondial des semi-conducteurs.