Le géant indien de la fintech Paytm traverse une période tumultueuse. La société a annoncé vendredi une baisse de 36% de son chiffre d’affaires et un doublement de sa perte au premier trimestre, alors qu’elle continue de faire face à un durcissement réglementaire qui a considérablement restreint l’activité de sa filiale Paytm Payments Bank.
Autrefois enfant chéri de l’écosystème des startups indiennes, la perte de Paytm s’est creusée pour atteindre 100 millions de dollars au premier trimestre clos en juin, tandis que son chiffre d’affaires a chuté à 179,5 millions de dollars, contre 280 millions de dollars un an plus tôt. L’entreprise avait déclaré une perte de 42 millions de dollars au premier trimestre de l’année dernière et de 65,8 millions de dollars au quatrième trimestre.
L’impact du durcissement réglementaire
La baisse des revenus est une conséquence directe de la décision de la Reserve Bank of India (RBI) d’ordonner à l’entreprise, plus tôt cette année, de cesser la plupart des opérations de Paytm Payments Bank, une filiale qui traitait une grande partie des paiements mobiles dont dépendait l’entreprise. Invoquant un « non-respect persistant » des règles, la banque centrale indienne a interdit à Paytm Payments Bank d’offrir de nombreux services bancaires, notamment l’acceptation de nouveaux dépôts et les transactions de crédit.
Cette décision a contraint Paytm à nouer des partenariats avec d’autres banques indiennes pour continuer à proposer certains de ses services de base. Il s’agit du premier trimestre où l’impact complet du durcissement réglementaire de la RBI est visible sur l’activité de Paytm.
Un pionnier des paiements mobiles en difficulté
Paytm a été un pionnier de l’essor des paiements mobiles en Inde, attirant des centaines de millions de personnes vers son application de portefeuille numérique et permettant à nombre d’entre elles d’effectuer leurs premières transactions numériques. Mais la fortune de l’entreprise a décliné ces dernières années face à la concurrence croissante de PhonePe, soutenu par Walmart, et de Google Pay.
PhonePe et Google Pay traitent plus de 86 % de toutes les transactions sur UPI, un réseau de paiement interopérable soutenu par le gouvernement. UPI est devenu le moyen le plus populaire pour les Indiens d’effectuer des transactions en ligne, avec plus de 11 milliards de transactions chaque mois. La montée en puissance d’UPI a nui à la pertinence des portefeuilles numériques et à la dépendance des consommateurs vis-à-vis des réseaux de cartes gérés par Visa et Mastercard.
Des signes de reprise malgré tout
Paytm, qui dépend fortement du service aux commerçants, notamment en leur accordant des crédits, a déclaré que cette partie de l’activité se redressait, « démontrant notre voie vers le rétablissement ». Un porte-parole de l’entreprise a déclaré dans un communiqué : « Cela indique également la confiance continue de nos partenaires commerçants et des consommateurs dans notre plateforme, et nous sommes reconnaissants de la confiance de nos parties prenantes. »
Un avenir incertain
Malgré ces signes encourageants, l’avenir de Paytm reste incertain. La société doit encore prouver qu’elle peut rebondir face au durcissement réglementaire et à la concurrence féroce sur le marché indien des paiements numériques. Les investisseurs semblent avoir déjà intégré l’impact de ces défis, les actions de Paytm ayant initialement chuté de 4,4% avant de se redresser.
La saga de Paytm illustre les défis auxquels sont confrontées les fintechs dans un environnement réglementaire en évolution rapide. Alors que l’innovation continue de transformer le paysage financier, les entreprises doivent naviguer avec précaution dans un cadre réglementaire de plus en plus complexe tout en s’adaptant à un marché hautement concurrentiel. Seul l’avenir nous dira si Paytm sera en mesure de surmonter ces obstacles et de retrouver sa position dominante dans l’écosystème fintech indien.