Clio, le leader canadien des logiciels de gestion pour cabinets d’avocats, vient de réaliser une levée de fonds record de 900 millions de dollars. Cette série F propulse la valorisation de la startup basée à Vancouver à 3 milliards de dollars, soit presque le double des 1,6 milliard atteints lors de son précédent tour de table en avril 2021.
Avec un ARR (revenu annuel récurrent) dépassant désormais les 200 millions de dollars, contre 100 millions en juin 2022, Clio affiche une croissance fulgurante. La société est rentable depuis plusieurs années et compte plus de 150 000 utilisateurs dans le monde juridique.
Un « système d’exploitation » pour les cabinets d’avocats
Se décrivant comme un « système d’exploitation pour les cabinets d’avocats », Clio fournit une suite logicielle centralisée et basée sur le cloud. Celle-ci permet de gérer l’intégralité des tâches d’un cabinet, de l’intégration des clients à la facturation en passant par la gestion des dossiers et des documents.
La startup a récemment étendu son offre à la zone Asie-Pacifique et séduit de plus en plus de cabinets de taille moyenne, en plus de sa base historique de petits cabinets. Cette levée mega-round, menée par NEA avec la participation de nouveaux investisseurs de renom comme Goldman Sachs, porte le financement total de Clio depuis sa création en 2008 à près de 1,3 milliard de dollars.
L’IA et les paiements, moteurs de la croissance
Jack Newton, fondateur et CEO de Clio, attribue cette croissance spectaculaire à deux tendances majeures. D’abord, l’adoption accélérée des technologies cloud par le monde juridique, dopée par la pandémie de COVID-19. Ensuite, l’énorme intérêt des avocats pour l’IA comme outil d’amélioration de leur productivité.
L’intégration en 2022 d’une solution de paiements a également boosté les revenus de Clio au-delà de son cœur de métier SaaS. La startup traite désormais des milliards de dollars chaque année en transactions spécifiques au secteur juridique et perçoit un pourcentage sur chaque opération. Un marché prometteur car les paiements juridiques sont plus complexes, avec des règles spécifiques pour les fonds de tiers et les comptes séquestres.
Miser sur l’IA pour révolutionner la profession
Mais c’est surtout sur l’IA que mise Clio pour son avenir. Dès 2023, la société a commencé à intégrer des fonctionnalités d’IA générative dans ses produits. Elle prévoit cette année le lancement de Clio Duo, un assistant IA juridique qui aidera les avocats à automatiser les tâches routinières et à exploiter les données de leur cabinet pour gagner en efficacité.
A terme, Clio veut faire de l’IA un allié incontournable des avocats, capable de rédiger des documents, de faire des recommandations stratégiques ou encore d’analyser des contrats. Une révolution technologique pour une profession pluriséculaire, qui place la startup canadienne en pole position sur un marché juridique en pleine mutation numérique.
Vers une plateforme juridique unifiée et IA-native
Avec ce nouveau financement massif, Clio compte accélérer ses investissements en R&D pour faire de sa suite logicielle une plateforme unifiée et IA-native pour les métiers du droit. L’objectif : couvrir un maximum de cas d’usage, de la gestion de cabinet aux interactions avec les justiciables en passant par l’analyse juridique prédictive.
Une approche ambitieuse résumée par Jack Newton : « Nous voulons réinventer la façon dont le droit est pratiqué en fournissant aux avocats et aux cabinets une plateforme technologique de pointe, boostée à l’IA, pour les aider à se concentrer sur ce qu’ils font le mieux : servir leurs clients et pratiquer le droit.«
Entre l’explosion du cloud, le boom des legaltechs et la déferlante de l’IA générative, le monde juridique vit une transformation sans précédent. Avec son mix unique de saas, de fintech et d’IA, Clio semble particulièrement bien positionnée pour en être un acteur majeur. Une « licorne » du droit à suivre de près.