Alors que la crise climatique s’aggrave et que les objectifs de réduction des émissions tardent à être atteints, les investisseurs spécialisés dans les technologies vertes redoublent d’efforts pour dénicher les pépites de demain. Et c’est du côté des universités qu’ils se tournent désormais, en intervenant de plus en plus tôt pour accompagner de jeunes pousses prometteuses.
Un Nouveau Filon Pour Les Investisseurs Climat
Des organisations comme Breakthrough Energy, fondée par Bill Gates, n’hésitent plus à aller taper à la porte des laboratoires universitaires. Via son programme Discovery, le fonds identifie des fondateurs prometteurs, souvent tout juste sortis d’un doctorat ou d’un post-doc, et leur octroie des subventions pouvant aller jusqu’à 500 000 dollars. Le but ? Les aider à franchir ce que le secteur appelle « la vallée de la mort », ce gouffre qui sépare une expérience en laboratoire d’une entreprise viable.
Il y a des financements gouvernementaux, des programmes comme ARPA-E, mais ils ne sont pas vraiment positionnés pour trouver les gagnants. Ils peuvent faire la science, mais ils ne vont pas vraiment choisir les meilleurs et miser gros sur une entreprise.
– Ashley Grosh, VP chez Breakthrough Energy
De son côté, Azolla Ventures a choisi de s’appuyer sur des doctorants pour repérer les projets les plus prometteurs, via un programme de « tech scouts ». « Nous finançons un étudiant diplômé pour qu’il cherche des projets intéressants et nous dise ce qui l’enthousiasme », explique Johanna Wolfson, Managing Partner.
Un Accompagnement Sur Mesure Pour Passer Du Labo Au Marché
Mais identifier des projets n’est que la première étape. L’enjeu pour ces investisseurs est d’aider ces chercheurs, souvent peu familiers avec le monde de l’entreprise, à transformer leurs travaux en startup viable. Breakthrough Energy mise ainsi sur un accompagnement personnalisé, avec une équipe de « business fellows » pour épauler les jeunes pousses sur des sujets comme la propriété intellectuelle ou l’accès à l’industrie.
En tant que fondateur, vous voulez que vos investisseurs soient des partenaires à vos côtés et ne paniquent pas ou ne soient pas contrôlants. C’est quelque chose que l’équipe Breakthrough Energy Fellows fait très bien.
– Caleb Boyd, co-fondateur de Molten Industries
Ce soutien peut s’avérer crucial pour aider ces « proto-entreprises », comme les appelle Johanna Wolfson, à franchir le pas. « Cela vous aide vraiment à passer de zéro à un, de rien à quelque chose que vous pouvez présenter aux investisseurs en disant : ‘Ok, on l’a, on est réels’ », témoigne Ted McKlveen, co-fondateur de Verne, une startup spécialisée dans le stockage d’hydrogène.
Un Pari Risqué Mais Nécessaire Pour La Transition
S’engager aussi tôt représente certes un pari plus risqué pour les investisseurs. Mais c’est un mal nécessaire, selon Johanna Wolfson, pour s’assurer qu’aucune piste prometteuse n’est négligée dans la course contre le réchauffement climatique :
À mesure que le temps passe et que nous continuons à manquer nos objectifs d’émissions, la crise s’aggrave. Et donc cela augmente les enjeux pour pouvoir s’assurer que nous ne laissons rien sur la table.
Bien sûr, toutes ces jeunes pousses ne franchiront pas avec succès les nombreux écueils qui jalonnent le parcours d’une startup. Mais en leur tendant la main dès les prémices de leur aventure entrepreneuriale, ces investisseurs espèrent mettre toutes les chances de leur côté. Un pari audacieux, à la hauteur de l’urgence climatique.