Le monde de l’art est en constante évolution, et l’avènement de l’intelligence artificielle (IA) ne fait qu’accélérer ce processus. Selon le dernier rapport « Art & IA 2024 » de l’assureur spécialisé Hiscox, une nouvelle tendance émerge : 40% des collectionneurs sont désormais prêts à acquérir des œuvres générées par l’IA. Cette statistique révèle un changement de paradigme dans l’univers de l’art contemporain.

Une réception contrastée selon les générations

Le rapport met en lumière des perceptions différentes en fonction de l’âge des collectionneurs. Si de nombreux amateurs d’art sont séduits par l’idée d’acquérir des créations issues de l’IA, ils insistent toutefois sur l’importance de la transparence afin de distinguer clairement les œuvres humaines de celles produites par des algorithmes. Ainsi :

• 82% des collectionneurs et 76% des amateurs d’art souhaitent une distinction plus nette entre art généré par IA et art humain
• 69% des collectionneurs plus âgés et 67% des jeunes estiment que l’art IA a une valeur inférieure à l’art traditionnel

L’essor d’une nouvelle catégorie d’acheteurs

Malgré ces réserves, le rapport Hiscox révèle qu’un peu plus d’un acheteur d’art sur deux se déclare prêt à acquérir une œuvre générée par IA. Cette demande croissante est principalement portée par un nouveau profil d’acquéreurs :

• 28% ont déjà acheté des œuvres d’art générées par IA
• 52% envisagent d’en acquérir prochainement

Cet engouement s’explique notamment par la popularité grandissante des modèles d’IA comme Stable Diffusion, Midjourney ou DALL·E, ainsi que par la multiplication des plateformes et des artistes proposant de l’art généré par IA, que ce soit sous forme physique ou de NFT.

L’intelligence artificielle est désormais omniprésente dans notre société, et le marché de l’art ne fait pas exception. Ce rapport constitue une première étape vers une meilleure compréhension de la réaction des experts face à l’émergence de l’art généré par IA et ses implications pour l’avenir.

– Julie Hugues, Responsable du Marché Art et de la Clientèle Privée chez Hiscox France

Des obstacles persistent malgré l’intérêt grandissant

Si l’art généré par IA suscite un intérêt croissant, des freins subsistent quant à son acceptation pleine et entière. Les collectionneurs demeurent prudents, voire sceptiques :

• Seul un passionné d’art sur deux pense que l’art IA pourrait un jour atteindre les mêmes niveaux de prix que l’art traditionnel
• Les questions de droits d’auteur et de propriété intellectuelle continuent de soulever des débats passionnés
• Une majorité substantielle de collectionneurs, âgés ou jeunes, estime que l’art généré par IA ne peut rivaliser avec la créativité humaine

L’art IA gagne du terrain dans les ventes aux enchères et les musées

Malgré ces réticences, l’art généré par IA continue de faire son chemin dans les institutions les plus prestigieuses. La vente en 2018 du « Portrait d’Edmond de Belamy » pour 432 500 dollars chez Christie’s à Londres a marqué un tournant. Et si le marché des enchères a connu des hauts et des bas depuis, 2024 signe un renouveau d’intérêt avec les ventes d’œuvres de Refik Anadol, Sougwen Chung, Harold Cohen, Obvious, Claire Silver ou encore Roope Rainisto.

Parallèlement, les musées dédient de plus en plus d’espace et de programmation aux artistes travaillant avec l’IA, comme en témoignent les expositions marquantes de cette année au Whitney Museum of American Art à New York, à la Fondation Beyeler à Bâle, au Centre Pompidou à Paris et à la Serpentine Gallery à Londres.

En définitive, si l’art généré par IA suscite encore de nombreux questionnements, il s’impose progressivement comme une tendance incontournable du marché de l’art. Reste à savoir si cette nouvelle forme de création parviendra à convaincre les collectionneurs les plus traditionnels et à s’inscrire durablement dans le paysage artistique contemporain.