Octavia Carbon Lève 3,9 M$ pour Capturer le Carbone de l’Air

Face à l’urgence climatique, des solutions innovantes émergent aux quatre coins du globe pour tenter d’endiguer le réchauffement de la planète. Au Kenya, la startup Octavia Carbon s’attaque à l’un des principaux responsables du dérèglement climatique : le dioxyde de carbone. Cette jeune pousse, fondée il y a tout juste deux ans, a mis au point une technologie de capture directe du carbone dans l’air, dans le but de le stocker de façon pérenne dans le sous-sol.

Après une phase de développement intensif, Octavia Carbon a démarré ses opérations de capture en février dernier. Forte d’une levée de fonds de 3,9 millions de dollars en amorçage, la startup compte désormais passer à la vitesse supérieure en déployant de nouvelles machines, en plus des deux unités existantes capables de capter 50 tonnes de CO2 par an. À terme, l’objectif est d’atteindre une capacité de capture de 1 500 tonnes annuelles dès 2025, lorsque le site de stockage géré par la société partenaire Cella Mineral Storage sera opérationnel.

Un procédé innovant de minéralisation du carbone

Le fonctionnement de la technologie mise au point par Octavia Carbon est aussi ingénieux que prometteur. Une fois capté dans l’air et liquéfié, le CO2 est acheminé vers les installations de Cella Mineral Storage, où il est injecté en profondeur dans des roches volcaniques poreuses, riches en calcium et magnésium. Une réaction chimique naturelle se produit alors, transformant le dioxyde de carbone en minéraux carbonatés stables, comme le calcaire.

Nous accélérons un processus géologique naturel dans des zones où il ne se produit pas spontanément, ou alors sur de très longues périodes.

– Martin Freimüller, co-fondateur et CEO d’Octavia Carbon

Ce projet pionnier de minéralisation du carbone capté devrait franchir une étape clé d’ici la fin de l’année, avec l’injection de la première cargaison de CO2 dans le sous-sol kényan. Il s’agira de l’une des premières démonstrations grandeur nature de cette approche à l’échelle mondiale.

Le Kenya, un écosystème propice aux technologies climatiques

Si Octavia Carbon a jeté son dévolu sur le Kenya pour développer ses activités, ce n’est pas un hasard. La géologie unique de la vallée du Rift, avec ses roches volcaniques poreuses, offre un environnement idéal pour le stockage du carbone. Selon les estimations, les formations géologiques de cette région pourraient à elles seules séquestrer l’ensemble des émissions de CO2 de l’humanité à ce jour.

Autre atout de taille : l’abondance des énergies renouvelables au Kenya, en particulier la géothermie. Un avantage considérable pour Octavia Carbon, dont le procédé de capture directe du carbone est particulièrement énergivore. En s’appuyant sur une électricité décarbonée, la startup dispose ainsi d’un avantage compétitif certain par rapport à ses homologues des pays développés, qui ont souvent recours aux énergies fossiles.

Vers un changement d’échelle de la capture directe du carbone

À l’heure actuelle, seules 27 unités de capture directe du carbone sont en activité dans le monde, pour une capacité annuelle de 0,01 mégatonne (Mt) de CO2. Parmi elles, seulement trois dépassent les 1 000 tonnes par an : l’usine Orca de Climeworks en Islande, ainsi que les installations de Global Thermostat au Colorado et d’Heirloom en Californie, toutes deux inaugurées l’an dernier.

Mais la donne pourrait rapidement évoluer. Pas moins de 130 projets sont actuellement en développement à l’international, avec l’ambition de capter 65 Mt de CO2 par an d’ici 2030 – un palier jugé nécessaire pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Un défi titanesque en apparence, mais à la portée de l’ingénierie moderne selon Martin Freimüller :

Qui aurait cru, il y a quelques années à peine, qu’on pourrait faire rouler un SUV avec une batterie ? C’est pourtant devenu réalité. Et c’est précisément le pouvoir de l’ingénierie : repousser les limites du possible.

– Martin Freimüller, co-fondateur et CEO d’Octavia Carbon

Un marché des crédits carbone en plein essor

Pour financer son développement, Octavia Carbon mise sur la vente de crédits carbone liés à ses opérations de capture et de stockage. Une approche qui semble porter ses fruits, puisque la startup revendique déjà une douzaine de clients, dont la plateforme danoise de compensation carbone Klimate. Un nombre inhabituel pour une jeune pousse au stade de l’amorçage, et qui témoigne de l’engouement croissant des entreprises pour les solutions de captage du CO2.

Avec sa technologie innovante et son positionnement stratégique au Kenya, Octavia Carbon pourrait bien devenir l’un des fers de lance de la capture directe du carbone en Afrique, et plus largement dans les pays en développement. Une trajectoire prometteuse, qui passera néanmoins par des investissements massifs pour changer d’échelle et avoir un réel impact sur le climat. Le succès de sa récente levée de fonds montre toutefois que les investisseurs sont au rendez-vous. De quoi nourrir toutes les ambitions pour cette pépite de la cleantech africaine.

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