La Banque de Réserve de l’Inde, la banque centrale du pays, vient de prendre une décision qui ébranle le secteur de la fintech. Quatre prêteurs non bancaires, dont Navi Finserv et DMI Finance, ont reçu l’ordre de suspendre leurs activités de prêt à compter du 21 octobre. La raison invoquée ? Des taux d’intérêt jugés excessifs et des violations des règles en vigueur sur la tarification, l’évaluation des revenus et la classification des actifs.
Cette mesure intervient après des mois d’avertissements de la part de la banque centrale sur la nécessité de pratiquer un crédit responsable. Si les entreprises concernées peuvent continuer à servir leurs clients existants, elles doivent en revanche mettre en place des mesures correctives pour pouvoir à nouveau octroyer des prêts.
De nombreuses collaborations remises en question
Cette décision a des répercussions bien au-delà des quatre sociétés directement visées. De nombreuses startups et grands noms de la tech, comme Google, Samsung ou Airtel, travaillent en effet avec DMI Finance pour proposer des crédits à leurs clients. Ces partenariats sont désormais compromis, du moins temporairement.
Un nouveau revers pour Navi et Sachin Bansal
Pour Navi, la startup de Bangalore fondée par Sachin Bansal, co-fondateur de Flipkart, c’est un nouveau coup dur. La Banque de Réserve avait déjà rejeté sa demande de licence bancaire il y a quelques mois. Cette suspension tombe au plus mal, alors que Navi est en pleine recherche d’investisseurs pour sa première levée de fonds externe, comme l’a récemment révélé TechCrunch.
« Navi Finserv Limited s’engage à mener ses activités avec les plus hauts standards de conformité, de service client et de transparence », a déclaré un porte-parole de l’entreprise. « Nous examinons les directives reçues de la Banque de Réserve de l’Inde et travaillerons avec elle pour répondre rapidement et complètement à toutes les préoccupations soulevées. »
Un porte-parole de Navi
Un signal fort de la banque centrale
Cette décision sans appel de la RBI envoie un message clair à l’ensemble du secteur de la fintech en Inde :
- Les pratiques de crédit doivent être responsables et conformes à la réglementation
- Les taux d’intérêt excessifs ne seront pas tolérés
- La transparence et la protection des consommateurs sont des priorités absolues
Les acteurs de la fintech vont devoir redoubler de vigilance et s’assurer de leur pleine conformité réglementaire s’ils veulent éviter de subir le même sort que Navi et DMI Finance. C’est tout un écosystème qui est appelé à se réinventer pour gagner la confiance des autorités et des consommateurs.
Cette affaire soulève également des questions plus larges sur le rôle et les responsabilités des prêteurs non bancaires dans un pays où l’accès au crédit reste un enjeu majeur pour des millions de personnes non bancarisées. Comment concilier inclusion financière et pratiques responsables ? C’est tout le défi qui attend le secteur de la fintech indienne dans les mois et années à venir.