Dans un monde hyperconnecté, le sentiment de solitude n’a jamais été aussi présent, en particulier chez les jeunes générations. Selon un rapport de Cigna, 73% des 18-22 ans se sentent seuls parfois ou tout le temps. Face à cette épidémie de solitude, une nouvelle vague de startups misent sur l’intelligence artificielle (IA) pour apporter du réconfort. Parmi elles, l’application Manifest, fondée par Amy Wu, se positionne comme un compagnon numérique quotidien pour aider la Gen Z à cultiver son bien-être émotionnel.
Un outil de bien-être sur mesure pour la Gen Z
L’idée de Manifest est née du propre vécu d’Amy Wu lorsqu’elle était étudiante à Stanford, confrontée à un environnement compétitif et intimidant, loin de ses repères. Elle a alors réalisé que l’éducation prépare à intégrer de grandes entreprises, mais pas à construire sa propre boîte à outils émotionnelle. Manifest se veut donc une application wellness adaptée au mode de vie et aux usages numériques de la Gen Z :
- Interactions ludiques et « bite-sized » avec l’IA
- Affirmations personnalisées basées sur l’humeur de l’utilisateur
- Méditations audio sur mesure
L’objectif n’est pas de remplacer un suivi thérapeutique, mais d’offrir un soutien facile d’accès et agréable au quotidien, là où les jeunes passent déjà beaucoup de temps : sur leur smartphone. Depuis son lancement discret cet été, l’application totalise déjà 18,7 millions de « manifestations » générées par les utilisateurs.
Les enjeux éthiques des chatbots de santé mentale
Si l’IA peut sembler une réponse séduisante à l’isolement, son usage soulève des questions éthiques, en particulier dans le domaine de la santé mentale. Comment s’assurer qu’un chatbot ne nuise pas à un utilisateur vulnérable ? Pour Amy Wu, Manifest n’a pas vocation à gérer des situations aussi graves que les pensées suicidaires. L’IA est programmée pour rediriger l’utilisateur vers une ligne d’écoute le cas échéant.
Une approche différente de celle de Nomi AI, une autre startup de chatbot thérapeutique, qui vise à rassurer l’utilisateur en crise en dialoguant avec lui, plutôt que de couper court à la conversation. Son fondateur, Alex Cardinell, estime qu’une redirection sèche vers un numéro d’urgence peut au contraire renforcer le sentiment d’isolement.
Je veux vraiment donner à ces utilisateurs le sentiment d’être entendus dans leurs moments sombres. C’est comme ça qu’on amène quelqu’un à s’ouvrir et à reconsidérer sa façon de penser.
– Alex Cardinell, fondateur de Nomi AI
Mais pour Amy Wu, aucune application grand public ne peut prétendre apporter une véritable aide médicale. Le problème, c’est que les jeunes se tournent vers ces outils justement quand les soins traditionnels ne sont pas accessibles. Si elle a raison de prédire l’émergence de licornes dédiées à combattre la solitude, ces startups devront faire preuve de prudence et de responsabilité.
Car l’enjeu est de taille. Offrir une présence bienveillante aux moments de solitude, sans pour autant entretenir une dépendance malsaine à la technologie ou décourager la recherche d’un véritable soutien humain. Un équilibre délicat à trouver pour cette nouvelle génération d’applications, à l’image de toute la complexité des relations humaines à l’ère numérique.