L’annonce de l’acquisition de la startup proptech Divvy Homes par Brookfield Properties pour 1 milliard de dollars a fait grand bruit. Mais derrière ce qui semble être un succès se cache une réalité plus nuancée : selon des sources proches du dossier, certains actionnaires de Divvy Homes ne toucheront pas un centime de cette vente pourtant juteuse.
Une valorisation divisée par deux en quelques années
Fondée en 2016 à San Francisco, Divvy Homes avait levé plus de 700 millions de dollars en dette et en actions auprès d’investisseurs prestigieux comme Tiger Global Management, GGV Capital ou encore Andreessen Horowitz. En 2021, la startup était valorisée à 2,3 milliards de dollars.
Si le montant de l’acquisition par Brookfield peut sembler élevé, il représente en réalité une décote de 50% par rapport au pic de valorisation atteint par Divvy Homes. Dans un secteur de la proptech marqué par des fermetures et des faillites, cela reste néanmoins une issue positive.
Des actionnaires laissés sur le carreau
Mais tous les actionnaires ne profiteront pas de cette vente. Selon une lettre de la PDG et co-fondatrice Adena Hefets, après le remboursement des dettes, des coûts de transaction et des préférences de liquidation des actionnaires privilégiés, il est peu probable que les actionnaires ordinaires ou les détenteurs d’actions préférentielles de série FF reçoivent quoi que ce soit.
Malheureusement, nous estimons qu’aucune contrepartie ne sera versée aux actionnaires ordinaires ni aux détenteurs d’actions préférentielles de série FF.
Adena Hefets, PDG de Divvy Homes
Une autre source a confirmé à TechCrunch que les détenteurs de capital ne recevraient rien de cette vente, qu’il s’agisse des fondateurs, des employés ou des investisseurs en capital-risque.
Un modèle économique bousculé par la hausse des taux
Divvy Homes proposait un modèle de location-accession permettant à des locataires de devenir propriétaires en louant pendant 3 ans le bien immobilier qu’ils souhaitaient acquérir, le temps de constituer l’épargne nécessaire. Mais la hausse des taux d’intérêt des crédits immobiliers en 2022 a perturbé ce modèle.
Malgré plusieurs tours de licenciements, Divvy n’a pas réussi à redresser la barre. Sa dernière levée de fonds connue, une série D de 200 millions de dollars menée par Tiger Global Management, remontait à août 2021.
La vente comme seule issue
Dans sa lettre, Adena Hefets explique que le choix de la vente ne fut pas aisé mais s’est imposé après un examen approfondi des alternatives stratégiques, dans un contexte de marché difficile. Pour maximiser le retour aux actionnaires, la meilleure option était de vendre maintenant le portefeuille immobilier.
Bien que je ne sois pas fière du résultat financier, je suis fière de l’impact que nous avons eu sur la vie de nos clients.
Adena Hefets, PDG de Divvy Homes
Cette acquisition à 1 milliard de dollars, malgré son apparence de succès, laisse donc un goût amer aux actionnaires évincés. Elle illustre les aléas que peuvent rencontrer même les startups les mieux financées et valorisées, quand les conditions de marché et les taux d’intérêt viennent perturber leur modèle économique. Une leçon à méditer pour tout l’écosystème des startups.