Face à l’essor des usines de batteries dans le monde, la question du traitement des eaux usées menace de ralentir leur construction. Mais une startup nommée Aepnus affirme que la solution ne réside pas dans l’élimination de ces déchets, mais plutôt dans leur recyclage.
Le défi des eaux usées chargées en sulfate de sodium
Les eaux usées issues de la fabrication de batteries sont chargées en sulfate de sodium, un sous-produit de l’acide sulfurique et de la soude caustique, deux produits chimiques utilisés dans la production de batteries, le raffinage du cuivre et d’autres industries. Bilen Akuzum, cofondateur et CTO d’Aepnus Technology, est convaincu qu’il est possible de créer une économie circulaire autour de ces réactifs chimiques.
Une idée née lors d’une visite d’exploitations minières
Avec son ami et cofondateur Lukas Hackl, chimiste également, Bilen Akuzum s’est intéressé à cette problématique lors d’une tournée d’exploitations minières de lithium en Californie et au Nevada, alors qu’ils recherchaient des idées de startups. Les industriels leur ont fait part de leur difficulté à gérer ce déchet issu de leurs opérations.
Aepnus modernise un procédé centenaire
Les deux entrepreneurs ont alors fondé Aepnus pour moderniser le procédé chlore-alcali vieux d’un siècle, qui permet de scinder les sels comme le sulfate de sodium en acides et bases qui les ont créés. L’entreprise utilise des électrolyseurs pour « zapper » les sels et les inciter à se diviser, sans recourir à des catalyseurs coûteux à base de métaux précieux contrairement à d’autres sociétés.
Des équipements à l’échelle pilote testés chez les clients
Aepnus livre actuellement des modèles à demi-échelle de ses équipements à ses clients, qui peuvent tester les appareils sur leurs propres flux d’eaux usées. Chaque site présente des eaux usées avec des contaminants différents, dont certains doivent être filtrés au préalable. Une fois éliminés, les électrolyseurs peuvent se charger d’extraire le sulfate de sodium.
Des économies pour les clients et l’environnement
Pour les clients, le recyclage complet des déchets de sulfate de sodium devrait permettre de réduire les coûts d’élimination et de matériaux. Et pour ceux disposant de sites éloignés, comme les exploitations minières, cela représente également des économies de transport :
Plutôt que d’acheter ces produits chimiques et de les faire transporter par camion sur de très longues distances, nous pouvons régénérer ces produits chimiques sur place à partir des déchets.
— Bilen Akuzum, cofondateur et CTO d’Aepnus Technology
Une levée de fonds pour accélérer le déploiement
La startup compte plus de 15 clients à différents stades, allant des études de faisabilité aux tests des équipements pilotes. Aepnus a récemment levé 8 millions de dollars en seed pour expédier davantage d’électrolyseurs pilotes et développer la version à l’échelle commerciale.
Une première aux États-Unis
Si Aepnus parvient à produire ses électrolyseurs à l’échelle commerciale, cela marquera une étape importante pour les États-Unis. Comme le souligne Bilen Akuzum :
Il n’y a qu’une poignée d’entreprises dans le monde entier qui ont l’expertise nécessaire pour construire ce type d’électrolyseurs. Malheureusement, il n’y a pas une seule entreprise aux États-Unis qui possède ce savoir-faire.
Avec son approche innovante, Aepnus espère ainsi révolutionner le recyclage des matériaux critiques de batteries et contribuer à la création d’une véritable économie circulaire dans ce domaine clé de la transition énergétique. Un défi de taille, mais qui semble à portée de main pour cette prometteuse startup !