Imaginez : vous êtes Tim Cook. Vous avez promis au monde une révolution IA « privée, puissante et intégrée ». Un an plus tard, votre assistant vocal invente la mort d’un suspect en direct, annonce la victoire d’un sportif avant la finale et votre lancement phare est repoussé sine die. Résultat ? Des plaintes collectives d’acheteurs d’iPhone 16 et vos meilleurs chercheurs qui filent chez OpenAI et Meta. C’est exactement ce qu’Apple vit depuis fin 2024… et la réponse arrive enfin : John Giannandrea, le patron IA recruté chez Google en 2018, quitte son poste. À 67 ans, il laisse la place à Amar Subramanya, un vétéran de 16 ans chez Google et récent cadre chez Microsoft. Autant dire que Cupertino appuie sur le bouton panique.
Pourquoi ce changement intervient maintenant
Officiellement, John Giannandrea « prend du recul » et restera conseiller jusqu’au printemps 2026. En réalité, les signaux d’alerte clignotent rouge vif depuis des mois.
Déjà en mars 2025, Tim Cook lui avait retiré la responsabilité de Siri au profit de Mike Rockwell (le père du Vision Pro) et avait aussi détaché la division robotique secrète. Bloomberg parlait alors d’un « leadership en crise » et d’un groupe surnommé en interne « AI/MLess » (jeu de mots cruel sur Artificial Intelligence / Machine Learning less).
Les fuites successives ont révélé une organisation dysfonctionnelle : équipes marketing qui vendaient des fonctionnalités non prêtes, budgets mal calibrés, communication catastrophique entre les ingénieurs et les communicants. Résultat : un exode massif de talents et des fonctionnalités lancées en catastrophe… qui ont immédiatement fait pschitt.
Les plantages qui ont fait mal
Revenons sur les moments les plus gênants d’Apple Intelligence :
- La fonctionnalité de résumé de notifications qui invente des titres complètement faux (ex : « Luigi Mangione s’est suicidé » alors qu’il est bien vivant).
- L’annonce prématurée de la victoire du jeune prodige du darts Luke Littler… avant même la finale.
- La refonte tant promise de Siri, repoussée à 2026 au mieux, provoquant des class-actions d’acheteurs d’iPhone 16 séduits par les keynotes de septembre 2024.
- Des performances en retrait face à ChatGPT, Gemini ou Claude, alors qu’Apple avait juré que l’IA « on-device » serait supérieure.
Ces phrases restent dans toutes les mémoires tech de 2025. Elles ont transformé l’image d’Apple de « premium intouchable » à « suiveur essoufflé ».
Qui est Amar Subramanya, le nouveau shérif IA
Amar Subramanya n’est pas un inconnu. Chez Google pendant 16 ans, il a dirigé l’ingénierie de Google Assistant puis de Gemini Assistant. Chez Microsoft ensuite, il a contribué à Copilot. Il connaît donc parfaitement les rouages des trois géants (Google, Microsoft, et désormais Apple).
« C’est probablement le recrutement le plus stratégique qu’Apple ait fait depuis l’arrivée de Jony Ive ou de Bob Mansfield à l’époque. »
– Un ancien cadre Apple, sous couvert d’anonymat
Son mandat est clair : rattraper le retard, coordonner enfin les équipes, et surtout livrer une Siri digne du XXIe siècle.
L’ironie suprême : Apple va (probablement) utiliser Gemini
Le comble ? Selon plusieurs sources concordantes (Bloomberg, The Information), la prochaine version de Siri s’appuiera fortement sur… Google Gemini pour les requêtes complexes dans le cloud. Oui, vous avez bien lu : après 15 ans de guerre ouverte sur les OS mobiles, les stores, les navigateurs, les cartes, le cloud et maintenant l’IA, Apple va payer Google pour sauver Siri.
Cette décision, même si elle reste à confirmer officiellement, montre à quel point la philosophie « tout sur l’appareil » a ses limites quand on veut rivaliser avec des modèles de plusieurs centaines de milliards de paramètres entraînés sur des pétaoctets de données réelles.
On-device vs Cloud : le pari perdu d’Apple ?
Apple a toujours misé sur la confidentialité absolue : traitement local grâce aux puces Apple Silicon, et quand le cloud est obligatoire, utilisation de Private Cloud Compute (serveurs éphémères qui effacent tout après usage).
C’est beau sur le papier. Mais en pratique :
- Les modèles on-device sont forcément plus petits (quelques milliards de paramètres contre 400+ pour Gemini Ultra ou GPT-4o).
- Apple refuse de collecter massivement les données utilisateurs → entraînement sur données licenciées + données synthétiques → moins performant.
- Les concurrents construisent des data centers de plusieurs milliards de dollars pendant qu’Apple bricole avec des serveurs « privés ».
Résultat : Apple Intelligence est aujourd’hui perçue comme l’IA la plus « propre »… mais aussi la moins puissante du marché grand public.
Ce que ça change pour les startups et le marché
Pour les entrepreneurs et investisseurs tech, ce tremblement de terre chez Apple envoie plusieurs signaux forts :
- La course à l’IA grand public reste totalement relancée – Apple a 2 milliards d’appareils actifs. Si Subramanya réussit à livrer une Siri révolutionnaire en 2026-2027, le paysage change du tout au tout.
- Le modèle hybride (on-device + cloud partenaire) devient la norme – Même Apple abandonne le pur on-device. Les startups qui misaient tout sur le edge AI vont devoir pivoter ou trouver des niches (sécurité, défense, santé ultra-sensible).
- Les talents IA valent de l’or – Les meilleurs ingénieurs LLM se négocient désormais avec des packages supérieurs à 1 M$ par an. Apple va devoir casser sa tirelire pour attirer les cracks restants.
- Google sort grand gagnant à court terme – Non seulement Gemini devient le moteur de recherche par défaut iOS (18 Md$ par an), mais il pourrait aussi devenir le cerveau de Siri. Domination totale.
Et maintenant ? Les scénarios possibles pour 2026
Scénario 1 – Le grand retour : Subramanya livre une Siri multimodale bluffante à la WWDC 2026, intégrant Gemini pour le cloud et un nouveau modèle Apple entraîné sur données synthétiques + partenariat exclusif. Apple redevient leader perçu.
Scénario 2 – Le partenariat forcé : Apple annonce officiellement Gemini comme backend de Siri. Humiliation publique, mais l’expérience utilisateur devient enfin compétitive. Les actions montent quand même.
Scénario 3 – L’échec continue : les problèmes culturels (silos, aversion au risque) persistent, les talents continuent de fuir, Apple reste distancé. L’iPhone perd son aura premium.
Le scénario le plus probable ? Un mélange du 1 et du 2 : Apple va accepter un partenariat Gemini très visible, tout en continuant à pousser ses modèles on-device pour les fonctions simples et la différenciation privacy.
Conclusion : un électrochoc nécessaire
Le départ de John Giannandrea n’est pas une simple rotation de cadre. C’est l’aveu qu’Apple a sous-estimé la vitesse de la révolution IA et que sa culture du secret et de la perfection a fini par lui jouer des tours.
Avec Amar Subramanya aux manettes, Apple se donne une dernière chance de rester dans la course qui définira la prochaine décennie tech. Pour les startups, les investisseurs et tous les acteurs du numérique, une chose est sûre : 2026 sera l’année où l’IA grand public se jouera pour de bon.
Et vous, pensez-vous qu’Apple peut encore reprendre la main ? Ou le train est-il définitivement passé ? Dites-le moi en commentaire, je suis curieux de vos avis !






