Bench : Un Startup Comptable Qui S’effondre Malgré 135 M$ Levés

Que se passe-t-il lorsqu’une startup prometteuse, valorisée à des centaines de millions, s’effondre brutalement ? C’est ce que nous allons découvrir aujourd’hui avec le cas édifiant de Bench, une jeune pousse canadienne spécialisée dans les logiciels de comptabilité dématérialisée pour PME. Malgré une levée de fonds impressionnante de 135 millions de dollars, Bench a dû mettre la clé sous la porte fin 2024, rattrapée par une crise de liquidités. Retour sur cette descente aux enfers.

Des débuts prometteurs, une croissance rapide

Fondée en 2012 à Vancouver, Bench a connu une ascension fulgurante. Son concept innovant de comptabilité en ligne pour petites entreprises séduisait les investisseurs, permettant à la startup de lever plus de 135 millions de dollars au fil des ans. Bench visait à simplifier la vie des entrepreneurs en automatisant les tâches comptables chronophages.

Cette proposition de valeur a rapidement trouvé son public, avec des milliers de PME clientes et un chiffre d’affaires en forte croissance. En mars 2023, Bench réalisait déjà 42 millions de dollars de revenus annuels. Tout semblait sourire à la pépite canadienne de la fintech.

La rentabilité, talon d’Achille de Bench

Malgré cette belle dynamique, un problème de taille se profilait : Bench n’arrivait pas à dégager de bénéfices. La startup accumulait les pertes, année après année :

  • 30 millions de pertes pour 42M$ de CA en 2022-2023
  • 15 millions de pertes pour 49M$ de CA en 2023-2024

Si la tendance s’améliorait, avec une réduction de moitié du déficit malgré une croissance des revenus, cela n’était pas suffisant. Au total, Bench a « brûlé » pas moins de 135 millions de dollars en un peu plus d’une décennie d’existence.

Changements de direction et tentative de vente

Pour redresser la barre, plusieurs changements de direction ont eu lieu chez Bench. En 2022, l’ex-directeur financier a pris les rênes et engagé des réductions d’effectifs. Puis un nouveau CEO a été nommé en 2024 avec pour mission de trouver un repreneur.

Car dans les coulisses, la situation se tendait avec le principal créancier de Bench, la Banque Nationale du Canada (BNC). Cette dernière avait accordé plus de 40 millions de dollars de prêts à la startup. La BNC a accepté de suspendre temporairement les remboursements via un accord début décembre 2024… avant de jeter l’éponge 15 jours plus tard.

En cette fin d’année 2024, Bench ne disposait plus que de 800 000$ dans ses comptes canadiens, et moins de 400 000$ côté américain. Une crise de liquidité fatale.

Un rachat surprise, un avenir encore incertain

Ce qui devait arriver arriva : le 25 décembre 2024, Bench annonçait mettre la clé sous la porte, laissant sur le carreau clients et employés. Une fin brutale pour une aventure entrepreneuriale pleine de promesses.

Mais coup de théâtre : à peine 72h après sa faillite, Bench a été rachetée par la société américaine Employer.com. Si les modalités financières n’ont pas été dévoilées, le dossier de banqueroute évoque une finalisation de l’opération d’ici fin février 2025.

Bench pourra-t-elle rebondir sous pavillon américain ? L’avenir nous le dira. En attendant, cette histoire rocambolesque nous rappelle la fragilité des startups face aux enjeux de rentabilité et de trésorerie. Car même avec 135 millions levés, rien n’est jamais acquis dans le monde impitoyable des affaires.

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