Canoo : Le PDG Récupère les Actifs de la Startup en Faillite

Imaginez un instant : une startup prometteuse dans le secteur des véhicules électriques, cotée en bourse, qui finit par s’effondrer sous le poids de ses dettes et d’un marché impitoyable. Et pourtant, au milieu de ce chaos, son PDG décide de tout racheter pour une somme dérisoire. C’est l’histoire de Canoo, une entreprise qui incarne à la fois l’audace des entrepreneurs tech et la dure réalité des affaires. Le 5 mars 2025, une nouvelle page s’écrit : Anthony Aquila, PDG de Canoo, propose de reprendre presque tous les actifs de sa société en faillite pour 4 millions de dollars. Une opération qui intrigue autant qu’elle questionne. Que signifie ce rachat pour l’avenir des startups technologiques et du marché des véhicules électriques ? Plongeons dans cette saga captivante qui mêle business, innovation et stratégie.

Canoo : une étoile déchue des véhicules électriques

Il fut un temps où Canoo était perçu comme un sérieux concurrent dans l’industrie des véhicules électriques. Entrée en bourse en 2020 via une fusion avec une SPAC (Special Purpose Acquisition Company), la startup ambitionnait de révolutionner la mobilité avec ses vans électriques au design futuriste. Des clients prestigieux comme la NASA, le service postal américain ou encore le Département de la Défense avaient même signé pour quelques unités. Mais la réalité a vite rattrapé les rêves : Canoo n’a jamais réussi à produire à grande échelle, et ses finances ont plongé dans le rouge. En février 2025, la société dépose le bilan sous le régime du Chapter 7 aux États-Unis, marquant la fin officielle de son aventure entrepreneuriale.

Avec des actifs estimés à 145 millions de dollars et des dettes s’élevant à 175 millions, Canoo n’avait plus les moyens de tenir debout. Ses 12 millions de dollars en liquidités ne suffisaient pas à couvrir les frais de fonctionnement, encore moins à relancer la production. Cette chute illustre une vérité brutale : même avec des idées brillantes, une startup peut s’effondrer sans une gestion rigoureuse et un marché prêt à l’accueillir.

Le PDG à la rescousse : un pari risqué

Et c’est là que l’histoire prend une tournure inattendue. Anthony Aquila, PDG de Canoo, ne semble pas prêt à laisser son entreprise disparaître totalement. Via une nouvelle entité nommée WHS Energy Solutions, il propose de racheter la quasi-totalité des actifs pour seulement 4 millions de dollars en cash. Mieux encore, cette opération efface une dette de plus de 11 millions que Canoo devait à une firme financière dirigée par… Aquila lui-même. Une manoeuvre astucieuse qui soulève des questions : est-ce une tentative de sauver son projet initial, ou une stratégie opportuniste pour tirer profit d’une situation désespérée ?

“Le principal motif d’Aquila est d’honorer les engagements de Canoo envers certains programmes gouvernementaux.”

– Extrait du dossier déposé par le trustee en charge de la faillite

Ce rachat inclut tout : équipements de production, véhicules finis, propriété intellectuelle, contrats en cours. Mais WHS Energy Solutions ne reprendra ni les baux ni les dettes envers les autres créanciers. Une aubaine pour Aquila, qui sécurise ainsi les actifs les plus précieux à moindre coût.

Un marché des EV saturé : le contexte de la chute

Pourquoi Canoo n’a-t-il pas survécu ? Le trustee chargé de la liquidation pointe du doigt un marché des véhicules électriques en pleine crise. Les échecs retentissants de startups comme Fisker ou Nikola ont inondé le secteur d’actifs à vendre à des prix dérisoires. Ajoutez à cela un manque de financements disponibles pour soutenir la production, et vous obtenez un cocktail fatal pour les petites entreprises comme Canoo. Le trustee explique :

“Les coûts de location, de sécurité et d’assurance nécessaires pour préserver les actifs dépassent les capacités financières de l’entreprise en faillite.” Une phrase qui résume bien l’impasse dans laquelle se trouvait Canoo avant ce rachat surprise.

Pour les entrepreneurs et marketeurs, cette situation est un rappel brutal : même un produit innovant ne garantit pas le succès si le timing ou les ressources manquent. Le secteur des EV, bien qu’en croissance, reste un terrain miné pour les nouveaux entrants.

Que va faire Aquila avec ces actifs ?

La grande question reste en suspens : quel est le plan d’Anthony Aquila ? Officiellement, il veut maintenir le support aux programmes gouvernementaux pour éviter des retards coûteux. Mais au-delà de cet argument, les intentions demeurent floues. Va-t-il relancer une production sous une nouvelle marque ? Revendre les actifs à profit ? Ou simplement préserver son héritage entrepreneurial ? Contacté par les médias, Aquila n’a pas encore répondu, laissant place à toutes les spéculations.

Ce genre de manoeuvre n’est pas inédit. En 2023, l’ex-PDG de Lordstown Motors, une autre startup EV en faillite, avait racheté ses actifs pour créer LandX Motors. Mais dans la plupart des cas, les actifs finissent dispersés aux enchères ou repris par des concurrents. Aquila, lui, semble jouer une carte plus personnelle.

Les leçons pour les startups et le business tech

Pour les lecteurs passionnés de startups, de technologie et de business, l’histoire de Canoo offre plusieurs enseignements précieux. Voici ce qu’on peut en retenir :

  • La gestion financière est cruciale : une trésorerie mal gérée peut couler même les projets les plus prometteurs.
  • Le timing compte : entrer sur un marché saturé ou en crise est un pari risqué.
  • La résilience paie : Aquila montre qu’un échec n’est pas forcément la fin, mais une opportunité de rebondir.

Sur un site comme TechCrunch, cette affaire fait déjà couler beaucoup d’encre. Et pour cause : elle illustre les hauts et les bas d’un secteur où l’innovation côtoie l’incertitude.

Un avenir incertain pour Canoo et ses créanciers

Si le rachat d’Aquila est validé, il laissera de nombreux créanciers sur le carreau. Des entreprises comme Magna (près de 3 millions de dollars dus) ou Yorkville (7 millions) risquent de ne récupérer qu’une fraction de leurs créances. Seuls les créanciers “sécurisés” liés à Aquila sortiront gagnants de cette opération. Une situation qui pourrait alimenter les débats sur l’éthique des rachats internes dans les faillites.

D’ici le 28 mars 2025, d’autres offres pourraient encore émerger. Mais le trustee semble convaincu que la proposition d’Aquila est la meilleure option dans un contexte aussi tendu. Reste à voir si ce pari audacieux portera ses fruits ou s’il ne sera qu’un épilogue supplémentaire à l’histoire mouvementée de Canoo.

Et après ? Réflexions pour les entrepreneurs

Pour les adeptes de marketing, de business et de technologie, cette affaire est une mine d’or d’enseignements. Elle montre que même dans l’échec, il y a des opportunités à saisir. Mais elle rappelle aussi que l’innovation seule ne suffit pas : il faut une vision claire, une exécution impeccable et un marché prêt à suivre. Alors, Anthony Aquila est-il un génie stratégique ou un opportuniste ? L’avenir nous le dira. En attendant, cette histoire reste un cas d’école pour tous ceux qui rêvent de transformer une idée en empire.

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