Dans un contexte où les investisseurs se montrent de plus en plus frileux à l’égard des startups B2B e-commerce en Afrique, la plateforme égyptienne Cartona vient de boucler un tour de table de 8,1 millions de dollars. Un exploit qui témoigne de la résilience de certains acteurs du secteur, malgré les difficultés rencontrées par bon nombre d’entre eux ces deux dernières années.
Une levée en deux temps pour Cartona
Ce nouveau financement, qui s’ajoute aux 12 millions levés en 2022, porte le total de la Série A de Cartona à 20,1 millions de dollars. Il se compose de 5,6 millions en equity, menés par le fonds égyptien Algebra Ventures, avec la participation de Silicon Badia et SANAD Fund for MSME. Les 2,5 millions restants ont été apportés sous forme de dette par Camel Ventures et GlobalCorp.
Selon Mahmoud Talaat, co-fondateur et CEO de Cartona, ces fonds seront alloués à la croissance en Égypte, pour renforcer les opérations dans le FMCG et l’HORECA, un segment lancé il y a un an. L’expansion régionale, notamment en Arabie saoudite, et l’exploration de nouvelles verticales sont également dans les tuyaux.
Le modèle asset-light, clé de la réussite ?
Lancée en 2019 comme plateforme e-commerce B2B « asset-light » connectant fournisseurs et détaillants, Cartona a fait le pari de ne pas entrer en concurrence avec les acteurs traditionnels du marché informel égyptien. L’entreprise se concentre sur la technologie et les solutions de financement, laissant à ses partenaires grossistes et distributeurs le soin des opérations logistiques.
Notre mission depuis le début était de soutenir et d’améliorer ces partenaires plutôt que de les concurrencer. En collaborant avec ces fournisseurs, nous sommes devenus le plus grand marketplace les connectant, tout en bâtissant une solide réputation.
– Mahmoud Talaat, CEO de Cartona
Cette approche semble payer, puisque 30 à 40% des ventes des fournisseurs partenaires passent désormais par la plateforme. Un succès que Cartona compte bien répliquer sur d’autres verticales comme la restauration et l’hôtellerie.
Une croissance au rendez-vous
Cartona revendique un volume brut de marchandise (GMV) annualisé d’environ 210 millions de dollars, contre 120 millions en 2022. La plateforme compte plus de 180 000 détaillants (+200% en un an) gérant plus de 40 000 références produits, approvisionnés par 4 500 fournisseurs dans 17 villes égyptiennes.
Le segment HORECA, bien que ne pesant que 7% du GMV, affiche déjà des taux de commission et des paniers moyens deux fois supérieurs au FMCG. Et la part du financement des stocks dans le GMV est passée de 2-3% en 2022 à plus de 20% aujourd’hui, une belle progression permise par l’accès à des lignes de financement en monnaie locale.
La nature « asset-light » du modèle de Cartona crée une infrastructure évolutive qui peut rapidement s’adapter à de nouveaux marchés et adjacences. Cartona a aussi été un moteur d’inclusion financière dans le commerce de détail, avec de plus en plus de petits marchands profitant des options de financement des stocks.
– Omar Khashaba, General Partner chez Algebra Ventures
Un marché prometteur malgré les défis
Si le marché égyptien du commerce de détail pèse 120 milliards de dollars, dont 70 milliards pour l’alimentaire, la part du e-commerce B2B reste marginale. Malgré les centaines de millions levés, les acteurs digitaux comme Cartona, Capiter ou MaxAB ne représenteraient que 2 à 4% des transactions.
Mais pour Mahmoud Talaat, la digitalisation n’en est qu’à ses débuts et finira par s’imposer, car elle apporte une réelle valeur ajoutée aux détaillants et fournisseurs. Un avis partagé par les investisseurs qui continuent de miser sur les champions régionaux capables de s’adapter et de se différencier.
- L’e-commerce B2B en Afrique traverse une zone de turbulences, avec des retraits, fermetures et fusions
- La marketplace égyptienne Cartona tire son épingle du jeu en levant 8,1M$ supplémentaires
- Son modèle « asset-light » et sa capacité à offrir des solutions de financement séduisent
- Cartona vise la croissance en Égypte, une expansion régionale et de nouvelles verticales
- Malgré une faible pénétration, le potentiel du B2B e-commerce en Afrique reste énorme