Dans un monde confronté à des défis sociaux et environnementaux pressants, de plus en plus de startups ambitionnent de concilier impact positif et viabilité économique. Mais trouver le juste équilibre entre mission et rentabilité s’avère souvent un exercice d’équilibriste pour ces jeunes pousses. Allison Wolff, co-fondatrice et PDG de Vibrant Planet, une entreprise développant des logiciels SaaS de modélisation des risques incendie, souligne : « Les attentes des investisseurs et des actionnaires ne sont souvent pas alignées avec la complexité et la difficulté des problèmes sociétaux auxquels nous sommes confrontés. »
Adopter un statut d’entreprise à mission
Pour garder le cap sur sa raison d’être tout en générant des profits, une startup peut opter pour un statut juridique d’entreprise à mission ou de société à bénéfice public. Ce cadre légal oblige l’entreprise à rendre compte de son impact social et environnemental, au même titre que ses performances financières. Comme l’explique Allison Wolff, « c’est une structure élégante à envisager, facile à mettre en place, et qui pousse à réfléchir chaque année à son impact et à la façon de le mesurer. »
Aligner technologie, modèle économique et impact
Une autre approche consiste à développer une technologie et un business model intrinsèquement liés à l’impact recherché. C’est le pari d’Areeb Malik et de ses co-fondateurs avec Glacier, leur startup de recyclage robotisé. « Quand j’ai créé mon entreprise, je cherchais une opportunité permettant d’aligner rentabilité et impact. En trouvant un modèle où l’impact climatique, ma passion, est directement corrélé aux revenus, je me réjouis si un fonds d’investissement veut faire croître mon business au maximum, car cela se traduira directement en impact positif pour l’environnement. »
Penser « scalabilité » dès le départ
Mais l’intention vertueuse ne suffit pas si l’entreprise n’arrive pas à changer d’échelle. Pour Hyuk-Jeen Suh, partner chez SkyRiver Ventures, « beaucoup de fondateurs sont tellement focalisés sur leur produit qu’ils en oublient de construire les fondations pour passer à l’échelle. Quand on développe une solution, il faut réfléchir dès le départ à comment la produire et la commercialiser en masse. »
Viser haut est presque un prérequis pour ces startups, car sans cette vision ambitieuse, il sera difficile d’avoir un réel impact.
– Hyuk-Jeen Suh, SkyRiver Ventures
Attirer des investisseurs alignés
Concilier mission sociale et ambitions de croissance implique souvent de trouver des investisseurs prêts à soutenir cette vision sur le long terme. De plus en plus de fonds se spécialisent dans l’impact investing, misant sur des entreprises à fort potentiel combinant rentabilité et impact mesurable. Outre l’apport financier, ces investisseurs peuvent aider les startups à structurer leur démarche et à suivre leurs indicateurs d’impact.
Mesurer et communiquer sur son impact
Prouver son impact positif est essentiel pour une entreprise à mission, à la fois pour maintenir la confiance de ses parties prenantes mais aussi pour piloter sa stratégie. Cela passe par la définition d’indicateurs clés et une communication transparente. L’analyse de données joue un rôle crucial pour quantifier les retombées sociales ou environnementales de ces startups.
Un nouveau paradigme entrepreneurial
En plaçant l’impact au cœur de leur modèle, les startups à mission bousculent les codes de l’entrepreneuriat. Elles prouvent qu’il est possible de combiner purpose et profit, en s’appuyant sur des innovations technologiques et des modèles économiques disruptifs. Bien sûr, le chemin est semé d’embûches, entre difficultés à lever des fonds, pression sur les résultats financiers et complexité des enjeux adressés. Mais en osant ce pari audacieux, ces entrepreneurs responsables ouvrent la voie à un capitalisme plus durable et inclusif.
Des solutions SaaS permettant de mieux gérer les risques climatiques à la robotique au service du recyclage, de nombreux domaines se prêtent à l’essor de ces entreprises hybrides, combinant le meilleur des secteurs privé, public et associatif. Pour maximiser leur impact, elles doivent dès le départ penser leur passage à l’échelle, en misant sur des technologies facilement déployables et des business models pérennes.
Voici quelques recommandations clés pour les entrepreneurs souhaitant se lancer :
- Choisir un statut juridique aligné avec sa mission (entreprise à mission, B-Corp…)
- Développer une technologie et un modèle économique intrinsèquement liés à l’impact visé
- Penser « scalabilité » dès la conception du produit et du modèle de déploiement
- Cibler des investisseurs spécialisés dans l’impact et partageant la vision long-terme
- Définir et suivre des indicateurs d’impact robustes, en s’appuyant sur la data
En osant réconcilier le meilleur des mondes de l’entreprise et de l’engagement citoyen, cette nouvelle génération d’entrepreneurs montre qu’un autre modèle est possible. Un modèle où la quête de sens et la recherche de profit ne s’opposent pas mais se renforcent mutuellement. Un modèle qui fait le pari de l’ingéniosité humaine pour relever les immenses défis de notre époque. Alors, prêt.e à relever le challenge ?