Avec l’essor fulgurant de l’IA générative, on pourrait penser que les nouvelles startups comme Eleven Labs ont le vent en poupe pour les services de traduction. Mais la traduction de contenus était un marché visé depuis longtemps par d’autres startups. Toute entreprise ayant une présence internationale a besoin de faire traduire ses contenus, ce qui en fait un secteur toujours porteur comme en témoignent les 106 millions de dollars levés par Unbabel au Portugal.
C’est dans ce contexte qu’EasyTranslate, spécialiste de la traduction de contenus depuis 2010, prend un nouveau virage avec sa plateforme « HumanAI » basée sur l’IA générative. Son fondateur Frederik R. Pedersen explique :
Nous avons pivoté tout notre business model d’un modèle basé sur des services humains vers celui d’un fournisseur de technologie IA, pour réduire les coûts et accélérer le processus.
– Frederik R. Pedersen, fondateur d’EasyTranslate
Une nouvelle approche combinant IA et humain
La plupart des services de traduction proposent des contenus traduits par des machines, avec seulement une petite partie éditée par des humains. Mais les traducteurs doivent souvent évaluer toute la traduction générée pour comprendre le contexte. EasyTranslate inverse cette logique avec HumanAI :
- La plateforme absorbe le contenu et le mélange avec de grands modèles de langage (LLMs)
- Elle utilise une mémoire à court terme dans les LLMs pour traduire le contenu plus précisément
- L’intervention humaine n’est utilisée que lorsque c’est nécessaire
Cela permet de réduire les temps et les coûts de traduction. HumanAI utilise un mélange de LLMs, dont celui d’OpenAI, ainsi que ses propres systèmes de recommandation. La plateforme s’appuie sur ses algorithmes et les données des clients pour fournir une traduction de contenu personnalisée.
Le secret : la mémoire à court terme des LLMs
La clé de ce pivot réside dans l’utilisation de LLMs pour générer une mémoire à court terme. Cela permet à la plateforme de lire une traduction en anglais générique et de la transformer en un anglais spécifique. Le contenu est « vectorisé » dans une base de données, permettant une recherche sémantique pour trouver des similitudes. Ces informations sont ensuite utilisées pour créer une mémoire à court terme avec un LLM, une technique aussi appelée « génération augmentée par recherche ».
Ainsi, EasyTranslate peut utiliser n’importe quel LLM pour traduire entre différents types d’anglais (marketing, finance…) tout en préservant le sens du texte. C’est crucial car une traduction peut être grammaticalement parfaite mais ne pas sonner juste. HumanAI identifie les parties du contenu ayant un faible score de confiance et utilise des humains pour les corriger, augmentant considérablement la productivité.
Réduire les coûts, un enjeu majeur
Pedersen affirme que HumanAI peut réduire les coûts de traduction de 90%, avec un prix de 0,01€ par mot traduit. Ses clients incluent des entreprises mondiales comme Wix et Monday.com. Le prix est un puzzle crucial à résoudre car les entreprises ont une grande quantité de contenu à traduire, avec des équipes dédiées pour s’assurer que les terminologies sont alignées entre les marchés.
Mais comment EasyTranslate compte-t-elle se démarquer face aux solutions purement IA qui vont s’améliorer avec le temps ? Pour Pedersen, l’objectif n’est pas de devenir un service 100% IA mais de créer de la valeur ajoutée en combinant humains et IA. L’IA a encore besoin de feedback humain pour s’améliorer car le langage évolue constamment.
EasyTranslate a levé 3 millions d’euros à ce jour, soutenus par du capital-risque, de la dette, des business angels à Copenhague et le Danish Innovation Fund. Avec cette nouvelle approche mêlant IA et expertise humaine, la startup danoise espère bien se tailler une place de choix sur le marché très convoité de la traduction.