L’avenir du stockage d’énergie renouvelable pourrait bien se jouer dans le Kentucky. C’est là qu’EnerVenue, une startup californienne spécialisée dans les batteries nickel-hydrogène, prévoit de construire une usine géante capable de produire 1 gigawatt-heure de batteries par an. Pour financer ce projet ambitieux estimé à 264 millions de dollars, l’entreprise vient de lever pas moins de 515 millions de dollars lors d’un nouveau tour de table.
Une technologie née dans l’espace
Mais qu’est-ce qui rend les batteries d’EnerVenue si spéciales ? Leur secret réside dans une technologie initialement développée pour les applications spatiales, comme la Station spatiale internationale ou le télescope Hubble. Les batteries nickel-hydrogène peuvent en effet résister à des températures extrêmes, du grand froid au grand chaud, sans perdre en capacité au fil du temps. Des caractéristiques idéales pour les engins spatiaux, qui doivent pouvoir compter sur une source d’énergie fiable et durable.
Les batteries nickel-hydrogène peuvent résister à des températures extrêmes, du grand froid au grand chaud, sans perdre en capacité au fil du temps.
Un coût en baisse grâce à l’innovation
Mais pour une utilisation terrestre à grande échelle, le coût de ces batteries high-tech restait prohibitif. C’était sans compter sur l’ingéniosité de Yi Cui, professeur à Stanford et président d’EnerVenue. En supprimant le platine, un composant très onéreux, et en apportant d’autres améliorations, il est parvenu à faire chuter le coût par kilowattheure sous la barre des 80 dollars pour une production à grande échelle. Un seuil qui rend cette technologie compétitive pour le stockage stationnaire d’énergie renouvelable.
Des atouts séduisants pour les énergies renouvelables
Outre leur résistance et leur longévité, les batteries nickel-hydrogène d’EnerVenue présentent d’autres avantages qui pourraient séduire les producteurs d’énergies renouvelables. Grâce à leur capacité à fonctionner sans systèmes de refroidissement coûteux, elles peuvent être déployées de manière compacte et nécessitent peu d’entretien. Des arguments de poids pour les opérateurs de parcs solaires ou éoliens cherchant à stocker leurs excédents de production de manière efficiente.
Grâce à leur capacité à fonctionner sans systèmes de refroidissement coûteux, les batteries nickel-hydrogène peuvent être déployées de manière compacte et nécessitent peu d’entretien.
Un pari audacieux et des défis à relever
Avec cette nouvelle levée de fonds massive, EnerVenue dispose des moyens de ses ambitions. Mais le chemin vers le succès n’est pas sans embûches. La construction d’une usine de cette envergure représente un défi industriel et financier majeur pour une jeune pousse. Trouver des investisseurs prêts à parier des sommes colossales sur une technologie encore méconnue n’est pas chose aisée.
Pour transformer l’essai, EnerVenue devra démontrer sa capacité à tenir ses promesses en termes de coûts et de performances une fois la production lancée à grande échelle. La startup affirme déjà avoir engrangé pour 7 gigawattheures de commandes, signe d’un intérêt marqué du marché. Mais il lui faudra ensuite convaincre un nombre croissant de clients dans un secteur où la concurrence fait rage, entre technologies établies comme le lithium-ion et innovations de rupture portées par d’autres startups audacieuses.
Conclusion
Le pari d’EnerVenue est aussi visionnaire que risqué. Réussir à imposer une nouvelle technologie de batteries sur un marché en pleine ébullition serait un exploit remarquable. Mais avec un tour de table aussi conséquent et un projet industriel ambitieux, la startup californienne s’est donné les moyens de viser haut et loin. Son usine du Kentucky pourrait bien devenir l’un des phares de la révolution du stockage d’énergie renouvelable, ouvrant la voie à un déploiement massif des énergies propres. Un défi à la hauteur des enjeux climatiques de notre temps.
