L’essor fulgurant de l’intelligence artificielle ces derniers mois n’a pas manqué d’attirer l’attention des régulateurs aux quatre coins du globe. Au Royaume-Uni, c’est au tour de l’autorité de la concurrence et des marchés (CMA) de se pencher sur la relation entre Google et la prometteuse startup d’IA Anthropic.
Google investit massivement dans Anthropic
Fondée en 2021, Anthropic développe des systèmes d’IA avancés avec un accent mis sur la sécurité, la transparence et la gestion des risques. La jeune pousse de San Francisco a déjà levé près de 10 milliards de dollars depuis sa création, dont une bonne partie provient de Google. Le géant de Mountain View aurait en effet investi 300 millions de dollars début 2023, suivis de 2 milliards supplémentaires quelques mois plus tard.
La CMA s’interroge sur l’impact concurrentiel
Cette relation étroite entre Google et Anthropic soulève des questions chez le gendarme britannique de la concurrence. La CMA craint que ce type de prise de participation ne permette à Google d’exercer un certain contrôle sur les innovations d’Anthropic sans pour autant déclencher un examen réglementaire approfondi comme ce serait le cas pour une acquisition pure et simple.
Nous avons l’intention de coopérer avec la CMA et de leur fournir une vision complète des investissements de Google et de notre collaboration commerciale.
– Un porte-parole d’Anthropic
Une enquête préliminaire avant une éventuelle investigation
À ce stade, la CMA n’a pas encore ouvert d’enquête officielle mais invite les parties intéressées à soumettre leurs commentaires d’ici au 13 août 2024. Sur la base de ces retours, l’autorité décidera s’il y a lieu de lancer une investigation approfondie (dite de « phase 1 ») pour déterminer si ce partenariat risque de nuire significativement à la concurrence sur le marché britannique.
La régulation des « quasi-fusions » dans le viseur
Cette démarche s’inscrit dans une tendance plus large des régulateurs à s’intéresser de près aux investissements des géants de la tech dans de jeunes pousses innovantes. Outre-Manche, la CMA examine également les liens entre Amazon et Anthropic, ainsi qu’entre Microsoft et OpenAI. L’objectif : s’assurer que ces « quasi-fusions » ne permettent pas aux mastodontes du secteur d’étouffer la concurrence en prenant le contrôle de startups prometteuses sans passer par une acquisition en bonne et due forme.
Anthropic se veut rassurant
De son côté, Anthropic assure qu’il reste un acteur indépendant sur le marché de l’IA :
- Ses partenariats et investisseurs ne remettent pas en cause sa gouvernance
- Anthropic est libre de collaborer avec d’autres acteurs
- Son indépendance est cruciale pour sa mission d’intérêt public
Google met en avant son écosystème IA ouvert
Même son de cloche chez Google, qui affirme vouloir bâtir « l’écosystème d’IA le plus ouvert et innovant au monde ». Le géant insiste sur le fait qu’il n’exige pas l’exclusivité d’Anthropic en termes d’usage de sa technologie cloud ou de droits sur sa propriété intellectuelle.
Un dossier à suivre de près
La suite des événements dépendra grandement de la part que Google a acquis au capital d’Anthropic. S’il s’agit d’une participation minoritaire ne lui conférant pas de contrôle significatif, la CMA pourrait décider de ne pas aller plus loin, comme ce fut le cas pour l’investissement de Microsoft dans Mistral AI. Mais dans un contexte de méfiance croissante vis-à-vis de la mainmise des géants de la tech sur l’IA, rien n’est moins sûr. Affaire à suivre donc dans les prochains mois !