Enza : 6M$ pour Révolutionner la Fintech en Afrique

Et si l’avenir des services financiers en Afrique passait par une poignée d’entrepreneurs visionnaires ? Alors que les fintechs redessinent le paysage économique mondial, une nouvelle pépite attire les regards : Enza. Fondée en 2022 par d’anciens cadres de Network International, cette startup basée à Abu Dhabi vient de lever **6 millions de dollars** pour bousculer le secteur bancaire africain. Leur ambition ? Proposer une infrastructure de paiement complète, adaptée aux réalités locales, et capable de connecter banques, fintechs et petites entreprises. Dans un continent où des millions de personnes restent exclues des systèmes financiers traditionnels, Enza pourrait bien devenir un acteur clé de l’inclusion économique. Plongeons dans cette aventure entrepreneuriale qui mêle technologie, business et impact social.

Des racines solides dans le paiement numérique

Pour comprendre l’essor d’Enza, il faut remonter à l’expérience de ses fondateurs. Hany Fekry, ancien directeur général chez Network International, et Hamish Houston, également ex-cadre de cette entreprise, ont passé des années à façonner le paysage des paiements au Moyen-Orient et en Afrique. Network International, un géant basé à Dubaï, s’est imposé comme un leader grâce à ses solutions d’acceptation de cartes et ses acquisitions stratégiques. Mais pour Fekry et Houston, un constat s’imposait : malgré ces avancées, les banques et les fintechs africaines manquaient d’outils adaptés pour répondre aux besoins complexes du marché. C’est de cette frustration qu’est née Enza, une réponse audacieuse aux lacunes observées.

Après avoir quitté Network International, les deux entrepreneurs ont décidé de construire une plateforme qui va au-delà de l’acceptation des paiements. Lancée officiellement en janvier 2023, Enza se positionne comme un pont entre les institutions financières et les réalités du terrain africain. Leur expérience passée leur a permis de tisser un réseau solide, mais surtout de comprendre les subtilités d’un marché en pleine mutation.

Une solution taillée pour l’Afrique

Ce qui distingue Enza, c’est sa capacité à proposer une infrastructure polyvalente. Contrairement à Network International, focalisé sur l’acceptation des cartes, cette fintech voit plus grand. Elle s’adresse à la fois aux banques (côté émission) et aux PME ou commerçants (côté acceptation). Imaginez une plateforme qui intègre des cartes locales comme *Verve* ou *Meeza*, des réseaux mondiaux comme Visa, mais aussi des systèmes de paiement en temps réel tels que *NIBSS* au Nigeria ou *InstaPay* en Égypte. Ajoutez à cela des portefeuilles mobiles, des QR codes et même des options de type *buy-now-pay-later* (BNPL). Le résultat ? Une solution qui répond aux besoins variés d’un continent où cohabitent traditions et modernité.

Enza cible dans un premier temps trois marchés majeurs : l’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud. Pourquoi ces pays ? Ce sont des piliers économiques avec des écosystèmes financiers dynamiques, mais aussi des défis uniques, comme le faible taux de bancarisation ou la fragmentation des infrastructures de paiement. En offrant une technologie accessible et peu coûteuse, Enza veut démocratiser l’accès aux services financiers, un enjeu crucial pour les petites entreprises africaines.

Les paiements comme porte d’entrée

En Afrique, les paiements numériques sont bien plus qu’une commodité : ils sont souvent le premier pas vers une inclusion financière. Pour des millions de PME et de commerçants non bancarisés, accepter des paiements en ligne ou en personne reste un défi. Enza l’a bien compris et mise sur une stratégie astucieuse : proposer des solutions d’acceptation à faible coût, voire gratuites, pour séduire ces acteurs. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

« Les paiements sont la porte d’entrée, mais la vraie valeur réside dans les données et les services que l’on peut ajouter par-dessus. »

– Andrew Key, directeur exécutif d’Enza

Une fois les paiements facilités, Enza permet aux banques et fintechs de proposer des services supplémentaires : prêts, épargne, assurances. Cette approche basée sur les données transforme une simple transaction en une opportunité de fidélisation. Pour les PME, c’est une chance de rejoindre l’économie formelle ; pour les banques, une manière de reconquérir un terrain perdu face aux fintechs agiles comme Flutterwave ou Paymob.

Redonner du pouvoir aux banques

Pendant des années, les banques africaines ont vu leur influence diminuer face à l’essor des fintechs. Des acteurs comme Moniepoint au Nigeria ont capté une large part du marché des PME, laissant les institutions traditionnelles sur la touche. Mais Enza veut inverser la tendance. En équipant les banques d’une technologie moderne, elle leur offre une visibilité accrue sur leurs écosystèmes de paiement. Fini les zones d’ombre avec les agrégateurs : les banques retrouvent le contrôle tout en restant conformes aux régulations.

Cette transparence est un atout majeur. En intégrant des systèmes locaux et internationaux, Enza permet aux banques de diversifier leurs options de paiement tout en gardant un œil sur les flux. Une stratégie qui pourrait redéfinir les rapports de force dans le secteur financier africain.

Un réseau qui fait la différence

Si Enza progresse aussi vite, c’est grâce aux relations tissées par ses fondateurs. Avec des décennies d’expérience et des collaborations avec près de 200 banques à leur actif, Fekry et Houston savent à qui s’adresser. Pourtant, ils adoptent une approche sélective : plutôt que de viser la quantité, ils privilégient **30 à 40 partenariats de qualité**. Une stratégie payante, puisque la startup traite déjà plus de **10 millions de transactions mensuelles** dans six pays, dont le Rwanda, le Ghana et l’Ouganda.

Leur modèle économique repose sur une tarification par transaction, avec une croissance impressionnante de **35 à 40 % par mois**. À ce rythme, Enza prévoit de doubler ses volumes d’ici deux ans. Un succès qui n’a pas échappé aux investisseurs.

6 millions de dollars pour voir plus grand

Après avoir bootstrappé leurs débuts, les fondateurs d’Enza ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Leur levée de fonds de **6 millions de dollars**, menée par Algebra Ventures et Quona Capital, marque un tournant. Pas de grande campagne de pitching ici : les investisseurs ont été séduits par le parcours des entrepreneurs et leur vision claire.

« L’équipe d’Enza a un historique impressionnant dans la création et la croissance de fintechs en Afrique. »

– Tarek Assaad, associé chez Algebra Ventures

Cet argent frais servira à étoffer l’équipe et à déployer de nouveaux produits. L’objectif ? Renforcer leur présence sur le continent et continuer à innover pour répondre aux besoins des banques et des PME.

Pourquoi Enza peut changer la donne

Enza ne se contente pas de suivre les tendances : elle les anticipe. Dans un marché africain où les fintechs explosent, elle se démarque par sa capacité à allier technologie de pointe et compréhension locale. Voici pourquoi elle pourrait faire la différence :

  • Une plateforme tout-en-un qui connecte banques, fintechs et commerçants.
  • Un focus sur les paiements locaux et les réalités africaines.
  • Une équipe expérimentée avec un réseau inégalé.

Pour les entrepreneurs et marketeurs qui suivent de près les évolutions technologiques, Enza est un cas d’école. Elle montre comment une startup peut transformer un secteur en s’appuyant sur des données, des partenariats stratégiques et une vision claire.

L’Afrique, un terrain d’innovation sans limites

L’essor d’Enza s’inscrit dans une vague plus large : celle de l’innovation africaine. Le continent est en train de devenir un laboratoire à ciel ouvert pour les technologies financières. Avec une population jeune, une adoption rapide du mobile et des besoins criants en matière d’inclusion, les opportunités sont immenses. Enza n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais son approche ciblée et son ambition en font un acteur à suivre.

Pour les professionnels du marketing et du business, c’est aussi une leçon : comprendre son marché et ses spécificités est la clé du succès. Enza ne copie pas les modèles européens ou américains ; elle les adapte, les réinvente. Une démarche qui pourrait inspirer bien des startups au-delà des frontières africaines.

Quel avenir pour Enza ?

Avec ses **10 millions de transactions mensuelles** et une croissance exponentielle, Enza est bien partie pour s’imposer comme un leader. Mais les défis restent nombreux : concurrence accrue, régulations changeantes, nécessité d’innover constamment. Pourtant, ses fondateurs semblent confiants. Leur rêve ? Que chaque famille, chaque communauté africaine ait accès à des services financiers abordables, où qu’elle soit.

Pour les investisseurs et les observateurs du secteur, Enza incarne une nouvelle génération de startups africaines : pragmatiques, ambitieuses et ancrées dans leur réalité. Alors que le continent continue de s’éveiller au potentiel de la technologie, une chose est sûre : cette fintech n’a pas fini de faire parler d’elle.

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