Le monde de l’IA évolue à une vitesse fulgurante, mais cette course effrénée à l’innovation n’est pas sans conséquences. Récemment, Figma, la célèbre plateforme de conception collaborative, s’est retrouvée au cœur d’une controverse après le lancement de sa fonctionnalité « Make Design » alimentée par l’IA. Cette dernière a été accusée de plagier sans vergogne l’application météo d’Apple, soulevant de sérieuses questions sur l’éthique et la responsabilité dans le domaine de l’IA générative.
Figma lance « Make Design », une IA qui fait polémique
Lors de sa conférence Config, Figma a dévoilé en grande pompe « Make Design », un outil d’IA capable de générer des maquettes d’interfaces utilisateur à partir de simples descriptions textuelles. L’objectif affiché était d’aider les designers à prototyper rapidement leurs idées et à explorer différentes directions créatives. Mais très vite, les choses ont dérapé.
Andy Allen, fondateur de NotBoring Software, a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme. En testant « Make Design », il a constaté que l’outil reproduisait systématiquement l’interface de l’application météo d’Apple, au pixel près. Une découverte troublante qui l’a poussé à accuser publiquement Figma d’avoir entraîné son IA sur des designs d’applications existantes, sans aucun scrupule.
Figma AI looks rather heavily trained on existing apps. This is a « weather app » using the new Make Designs feature and the results are basically Apple’s Weather app.
Andy Allen, fondateur de NotBoring Software
Dylan Field, CEO de Figma, réagit à la polémique
Face au tollé provoqué par les révélations d’Andy Allen, Dylan Field, le CEO de Figma, a rapidement réagi sur les réseaux sociaux. Il a démenti les accusations selon lesquelles « Make Design » aurait été entraîné sur des designs de la communauté Figma ou d’applications tierces. Selon lui, l’outil s’appuie sur des modèles de langage généralistes, combinés à des systèmes de design maison.
Toutefois, Dylan Field a reconnu que la variabilité des résultats générés par « Make Design » était trop faible, entraînant ces troublantes similitudes avec l’app météo d’Apple. Il a assumé l’entière responsabilité de ce fiasco, pointant du doigt un processus d’assurance qualité défaillant dans la précipitation du lancement.
Ultimately it is my fault for not insisting on a better QA process for this work and pushing our team hard to hit a deadline for Config.
Dylan Field, CEO de Figma
Figma désactive « Make Design » et promet des améliorations
En réponse à cette crise, Figma a pris la décision de désactiver temporairement la fonctionnalité « Make Design », le temps de corriger ses défauts et de s’assurer qu’elle respecte les plus hauts standards éthiques. Dylan Field s’est engagé à renforcer le processus d’assurance qualité et à ne réactiver l’outil qu’une fois certain de pouvoir se porter garant de ses résultats.
Cette polémique autour de Figma illustre parfaitement les défis éthiques posés par l’IA générative dans l’industrie du design. Si ces outils offrent un potentiel créatif indéniable, ils soulèvent aussi de sérieuses questions sur le respect de la propriété intellectuelle et le risque de plagiat à grande échelle. Il est crucial que les acteurs du secteur, à l’image de Figma, fassent preuve de responsabilité et mettent en place des garde-fous pour encadrer le développement de ces technologies.
L’avenir de l’IA dans le design : entre promesses et vigilance
Malgré ce faux pas, il serait réducteur de condamner en bloc l’utilisation de l’IA dans le domaine du design. Bien encadrés et utilisés de manière éthique, des outils comme « Make Design » pourraient révolutionner la façon dont les designers travaillent, en automatisant les tâches répétitives et en stimulant la créativité. Mais cette promesse ne pourra se concrétiser qu’au prix d’une grande vigilance et d’un effort collectif pour établir des standards et des bonnes pratiques.
La mésaventure de Figma doit servir de leçon à toute l’industrie. L’IA générative est une technologie puissante, mais qui doit être maniée avec précaution et discernement. Seule une approche responsable et transparente permettra de libérer son plein potentiel, sans sacrifier l’éthique et le respect du travail créatif sur l’autel de l’innovation à tout prix. Un défi de taille, mais essentiel pour bâtir un avenir où l’IA sera un véritable allié des designers, et non une menace.