Et si les chiffres que nous répétons en boucle sur l’entrepreneuriat féminin ne racontaient pas toute l’histoire ? En 2024, le financement des startups fondées par des femmes en Europe a chuté de **12 %**, passant de 6,56 milliards d’euros en 2023 à 5,76 milliards d’euros. À première vue, cela semble alarmant, surtout dans un contexte où les efforts pour la diversité semblent s’essouffler. Pourtant, ce déclin n’est pas une anomalie : il suit de près la baisse globale de **11 %** des investissements en capital-risque sur le marché. Alors, que se passe-t-il vraiment ? Cet article plonge dans les données, explore les secteurs porteurs comme la *deep tech*, et décrypte les tendances qui redéfinissent l’avenir des femmes dans le monde des startups. Préparez-vous à une analyse captivante, loin des clichés habituels.
Une baisse en trompe-l’œil : les chiffres clés de 2024
Commençons par poser les bases. Selon le rapport *Female Innovation Index 2025* de la plateforme européenne Female Foundry, le paysage du financement des **startups féminines** en 2024 n’est pas aussi sombre qu’on pourrait le penser. Oui, les fonds levés ont diminué, mais cette baisse de **12 %** reste cohérente avec la contraction générale du marché du capital-risque. Autrement dit, les fondatrices ne sont pas particulièrement désavantagées par rapport à leurs homologues masculins – du moins pas plus qu’avant. Ce constat nuance les discours alarmistes et invite à regarder plus loin que les pourcentages bruts.
Le rapport, basé sur une enquête auprès de plus de **1 200 fondatrices**, investisseurs et acteurs de l’écosystème dans **20 pays européens**, offre une perspective inédite. Contrairement à d’autres études qui se concentrent uniquement sur les équipes 100 % féminines (représentant seulement **2,2 %** des fonds levés en 2024), Female Foundry inclut les startups avec au moins une co-fondatrice femme. Cette approche élargit le spectre et donne une vision plus représentative de l’entrepreneuriat féminin.
« La statistique des 2 % ne suffit pas. Elle exclut des entrepreneures comme moi, qui ai un co-fondateur masculin. Il faut des métriques plus diverses. »
– Agata Nowicka, fondatrice de Female Foundry
Deep Tech : le terrain de jeu des fondatrices audacieuses
S’il y a bien un domaine où les femmes brillent en 2024, c’est la **deep tech**. Ce secteur, qui englobe des innovations comme la *synthetic biology*, la *generative AI* ou le développement de médicaments, attire de plus en plus de fondatrices. Pourquoi ? Parce qu’il est étroitement lié au monde académique, où la parité est souvent plus respectée. Résultat : **33 %** des fonds levés par des entrepreneures en Europe vont à des startups *deep tech*, soit **2 % de plus** que la moyenne des startups tous genres confondus.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Parmi les **50 plus grosses levées de fonds** réalisées par des startups féminines en 2024, plus de **80 %** concernent des fondatrices issues de milieux scientifiques. Quelques exemples concrets ? Des levées de **282,4 millions d’euros** en *synthetic biology*, **221,8 millions** en *generative AI*, et **169,9 millions** en développement pharmaceutique. Ces succès montrent que les femmes ne se contentent pas de suivre les tendances : elles les créent.
Mais tout n’est pas rose. Agata Nowicka souligne un défi persistant : le passage de l’académie à l’entrepreneuriat reste freiné par un certain **stigma**. Les femmes, bien que nombreuses dans les labos, hésitent encore à franchir le pas vers le monde des startups. Un enjeu clé pour les années à venir ? Les encourager à oser.
Les secteurs qui attirent les investisseurs
Si la *deep tech* fait des vagues, d’autres secteurs ne sont pas en reste. En 2024, les startups féminines dans la **santé**, la **fintech** et l’**alimentaire** captent une part significative des investissements. Pourquoi ces domaines ? Ils répondent à des besoins concrets, souvent ancrés dans le quotidien, où les femmes excellent à identifier des opportunités. Par exemple, une startup santé fondée par une femme pourrait révolutionner les diagnostics grâce à l’IA, tandis qu’une fintech pourrait simplifier l’accès au crédit pour les PME.
Et ce n’est pas tout. Les fondatrices se distinguent particulièrement au stade **seed** (amorçage), où elles enregistrent leurs plus grands succès. Mieux encore : la taille moyenne des tours de table a augmenté de **7 %** par rapport à 2023, signe que les investisseurs misent davantage sur ces projets dès le départ.
- Santé : innovations en IA et diagnostics.
- Fintech : solutions pour l’inclusion financière.
- Alimentaire : technologies durables et éthiques.
L’Europe en tête : où vont les fonds ?
L’Europe n’est pas un bloc homogène quand il s’agit de financer les **startups féminines**. Trois pays se détachent : le **Royaume-Uni**, la **France** et l’**Allemagne**, qui concentrent la majorité des investissements. Mais si l’on regarde la proportion de capital-risque alloué aux fondatrices, ce sont la **Finlande** et le **Danemark** qui mènent la danse. Ces nations nordiques montrent qu’un écosystème inclusif peut faire la différence.
Pourquoi une telle disparité ? Les pays leaders bénéficient d’infrastructures solides – incubateurs, réseaux de mentors, accès aux VC – tandis que les champions de la proportion misent sur des politiques publiques favorisant la diversité. Un modèle à suivre pour les autres ? Peut-être.
COVID-19 : un accélérateur inattendu
Retour en arrière. En 2016, lancer une startup en tant que femme relevait du parcours du combattant. Les VC étaient souvent des clubs fermés, sans site web digne de ce nom, et les événements se déroulaient à huis clos. Puis est arrivé le **COVID-19**. Paradoxalement, cette crise a bouleversé la donne en ouvrant l’accès au capital-risque. Pendant le boom des investissements de **2021-2022**, les fonds ont dû chercher de nouvelles pépites, rendant le secteur plus compétitif et, par ricochet, plus accessible aux femmes.
« Le COVID a forcé les VC à s’ouvrir. Ils avaient besoin de flux de deals, et ça a profité aux femmes. »
– Agata Nowicka
Cet effet perdure en 2024. Les outils numériques, les pitchs en visio et les réseaux en ligne ont nivelé le terrain, permettant aux fondatrices de se faire entendre plus facilement.
Et demain ? Les défis à relever
Si les progrès sont réels, tout n’est pas gagné. Les efforts en matière de **DEI** (diversité, équité, inclusion) reculent dans certaines entreprises, et le stigma académique freine encore les vocations. Pourtant, les opportunités sont là. Encourager les femmes à passer du labo au terrain, diversifier les métriques de mesure, et renforcer les écosystèmes inclusifs : voilà les chantiers pour 2025 et au-delà.
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