Furno Décroche 20M$ Pour Construire Des Micro-Fours À Chicago

Bonne nouvelle pour l’industrie du béton à Chicago : la startup de ciment Furno a décroché une subvention de 20 millions de dollars du Département de l’énergie américain pour construire jusqu’à huit micro-fours à faible émission de carbone dans une usine de béton de la ville. Un grand pas en avant pour décarboner ce secteur très polluant.

Le pari des micro-fours pour réduire l’empreinte carbone du ciment

Furno, jeune pousse basée à Mountain View en Californie, a développé une technologie de micro-fours verticaux bien plus efficaces que les immenses fours rotatifs utilisés traditionnellement pour la production de ciment :

  • Leur taille réduite et leur orientation verticale permettent de mieux capter la chaleur et de l’utiliser pour la calcination (cuisson du calcaire), réduisant de 70% la consommation d’énergies fossiles.
  • Alimentés à l’hydrogène, ils peuvent même éliminer totalement ces émissions liées aux combustibles.

Dans le cadre de ce projet baptisé « Project Oz », Furno installera ses micro-fours directement chez son partenaire Ozinga, dans son usine de Chinatown Yard. Celle-ci pourra ainsi produire sur place les 60 000 tonnes de ciment dont elle a besoin chaque année, en utilisant du calcaire vierge et des matériaux recyclés.

Nous avons dimensionné notre installation en fonction de la demande d’Ozinga. Ils ont accès au calcaire vierge ainsi qu’aux matériaux recyclés.

– Gurinder Nagra, fondateur et CEO de Furno

Produire du ciment bas-carbone directement sur le site de production du béton

L’industrie cimentière est l’une des plus polluantes au monde, générant 8% des émissions mondiales de CO2. La fabrication d’une tonne de ciment Portland, le plus courant, libère environ 600 kg de dioxyde de carbone, en raison de la réaction chimique de calcination mais aussi de la combustion d’énergies fossiles pour chauffer les fours.

En relocalisant la production au plus près des besoins et en utilisant des carburants plus propres comme le biogaz (méthane issu de la décomposition de matières organiques), Furno et Ozinga comptent significativement réduire l’empreinte environnementale du béton produit à Chicago.

Outre les bénéfices environnementaux, ce projet créera 50 emplois dans la construction et 30 emplois permanents, un critère important pour l’attribution de la subvention par le DOE, souligne Kiersten Jakobsen, responsable marketing de Furno. Des emplois bienvenus suite à la fermeture récente de centrales à charbon dans la région.

Des startups climat dopées par les aides publiques

Furno n’est pas la seule jeune pousse à bénéficier du soutien du Département de l’énergie américain pour développer des alternatives bas-carbone au ciment traditionnel. La startup ColoradiensTerra CO2 a ainsi obtenu 52,6 millions de dollars pour construire une usine près de Salt Lake City qui fabriquera un matériau de substitution au ciment bien moins polluant.

Ces aides publiques massives, couplées aux investissements privés (Furno avait levé 6,5 millions de dollars en mars dernier et prépare un nouveau tour de table début 2025), donnent un coup d’accélérateur bienvenu aux startups climat.

Face à l’urgence de décarboner des industries aussi lourdes et essentielles que celle du ciment, tous les moyens doivent être mobilisés. Les innovations de startups comme Furno, combinant efficacité énergétique, énergies propres et relocalisation, tracent une voie prometteuse pour concilier l’indispensable sobriété carbone du secteur avec la satisfaction des immenses besoins en infrastructures et en logements, aux États-Unis comme dans le reste du monde.

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