Imaginez devoir utiliser une application de navigation qui vous dirige droit dans un mur, omet des points de contrôle chronophages ou vous envoie sur des routes interdites et potentiellement dangereuses. C’est malheureusement le quotidien de nombreux utilisateurs palestiniens de Google Maps en Cisjordanie, selon une récente enquête de Wired.
La guerre complique inévitablement la navigation
Dans un contexte de conflit, la multiplication des points de contrôle rend la tâche ardue pour n’importe quel service de navigation. Google explique par ailleurs ne pas faire de distinction entre les routes israéliennes et palestiniennes, faute de pouvoir connaître le statut de citoyenneté des résidents. L’entreprise assure travailler constamment à l’amélioration de ses services en Cisjordanie.
Néanmoins, les témoignages recueillis par Wired sont édifiants :
Google Maps m’a littéralement dirigé dans un mur. Je pensais que c’était peut-être une erreur ponctuelle, mais c’est arrivé plusieurs fois depuis le début de la guerre.
– Ahmad, habitant de Ramallah
Des employés de Google appellent à des améliorations
En interne aussi, la gronde monte. Des dizaines d’employés auraient exhorté les dirigeants de Google à perfectionner davantage les services cartographiques pour les Palestiniens. Selon un employé actuel cité par Wired, de nombreux habitants de Cisjordanie ont tout simplement cessé d’utiliser Google Maps.
Parmi les principaux problèmes soulevés :
- L’application ne tient pas compte des points de contrôle, rallongeant considérablement les trajets
- Les utilisateurs palestiniens sont parfois guidés vers des routes réservées aux colons israéliens, ce qui peut s’avérer très dangereux
- Certains itinéraires mènent littéralement dans des impasses ou des murs récemment érigés
Un défi de taille pour les géants de la tech
Si Google reconnaît ces difficultés et affirme y travailler, force est de constater que la tâche est immense. Dans une région en proie à un conflit complexe et en constante évolution, maintenir une cartographie précise et sûre relève du casse-tête.
Mais au-delà des aspects purement techniques, c’est aussi une question d’équité et de responsabilité qui se pose. Les Palestiniens doivent-ils se contenter d’un service dégradé et potentiellement périlleux ? Google, en tant que leader mondial, n’a-t-il pas le devoir de fournir une expérience optimale et sécurisée à tous ses utilisateurs, où qu’ils se trouvent ?
L’enquête de Wired a le mérite de mettre en lumière cet enjeu crucial. Espérons qu’elle incitera Google, et pourquoi pas d’autres acteurs de la tech, à redoubler d’efforts pour proposer des services fiables et équitables, y compris dans les régions les plus instables du globe. C’est une question à la fois de sécurité, de dignité et, fondamentalement, de droits humains à l’ère du numérique.