Google Visé Par Une Procédure à 16 Milliards d’Euros Au Royaume-Uni

Le géant de la technologie Google se retrouve dans la tourmente au Royaume-Uni. Un tribunal britannique vient en effet de donner son feu vert à une plainte en nom collectif accusant la firme d’abus de position dominante sur le marché de la publicité numérique. Les dommages réclamés par les plaignants s’élèvent à la somme astronomique de 16 milliards d’euros. Retour sur cette procédure judiciaire d’ampleur qui frappe de plein fouet le mastodonte américain.

Des accusations d’abus de position dominante

Selon les plaignants, Google aurait profité de sa position ultra dominante sur le marché des technologies publicitaires pour porter préjudice aux éditeurs de contenus en ligne britanniques. Concrètement, l’entreprise est accusée d’avoir fait monter artificiellement les prix d’utilisation de sa plateforme publicitaire, tout en réduisant les revenus publicitaires reversés aux éditeurs. Un mécanisme qui aurait permis à Google d’engranger des bénéfices substantiels au détriment de ses partenaires.

Google a abusé de sa position dominante sur le marché des technologies publicitaires et causé des pertes importantes aux éditeurs en ligne britanniques.

– Les avocats des plaignants

La plainte, déposée au nom de tous les éditeurs ayant perçu des revenus via la régie publicitaire de Google entre janvier 2014 et novembre 2022, a reçu le feu vert du Tribunal d’appel de la concurrence. Une première victoire pour les plaignants dans ce bras de fer judiciaire qui s’annonce long et complexe.

Google conteste les accusations

Sans surprise, Google réfute en bloc les accusations portées à son encontre. Dans un communiqué, le directeur juridique de l’entreprise Oliver Bethell a qualifié ce procès de « spéculatif et opportuniste », assurant que Google s’y opposerait « vigoureusement et sur la base des faits ».

Selon lui, les outils publicitaires de Google aideraient au contraire « des millions de sites web et d’applications à financer leur contenu » et l’entreprise travaillerait « de manière constructive avec des éditeurs au Royaume-Uni et en Europe ». Des arguments balayés par le tribunal qui a estimé que la plainte était suffisamment étayée pour justifier l’ouverture d’une procédure.

Google déjà dans le viseur des autorités

Ce n’est pas la première fois que les pratiques de Google en matière de publicité en ligne sont pointées du doigt par les autorités. En juin 2021, l’Autorité de la concurrence française avait infligé une amende de 220 millions d’euros au groupe pour abus de position dominante et obtenu des engagements pour mettre fin à certaines pratiques.

Google fait aussi l’objet d’enquêtes et procédures sur le même sujet au Royaume-Uni, dans l’Union européenne et aux États-Unis. Autant de signaux qui témoignent d’une volonté croissante des régulateurs de s’attaquer aux dérives des géants du numérique.

Vers une régulation accrue des Big Tech ?

Cette procédure britannique à 16 milliards d’euros s’inscrit dans un contexte de défiance grandissante vis-à-vis des pratiques des grandes plateformes technologiques, les fameuses « Big Tech ». Abus de position dominante, atteintes à la concurrence, captation de la valeur au détriment des acteurs plus modestes… Les griefs ne manquent pas.

Face à ces dérives, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer un encadrement plus strict de ces acteurs surpuissants. Aux États-Unis, dans l’Union européenne comme au Royaume-Uni, les législateurs planchent sur de nouvelles réglementations pour rééquilibrer le rapport de force. Parmi les pistes envisagées :

  • Un contrôle renforcé des acquisitions pour éviter la concentration excessive du marché
  • Des mesures pour faciliter le partage des données et l’interopérabilité entre services
  • Une transparence accrue des algorithmes et systèmes de recommandation

Reste à voir si ces velléités de régulation parviendront à se concrétiser, face au lobbying et à la puissance de frappe juridique des mastodontes de la Silicon Valley. Une chose est sûre : l’affaire Google au Royaume-Uni ne sera pas la dernière du genre. Au vu des enjeux financiers et des questions de souveraineté soulevées, la bataille ne fait sans doute que commencer.

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MondeTech.fr

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