Les couloirs de Meta, le géant de la Silicon Valley anciennement connu sous le nom de Facebook, bruissent actuellement des inquiétudes exprimées par les employés suite à une série de changements controversés dans les politiques de modération des contenus. Entre la fin du fact-checking par des tiers, l’arrivée surprenante de Dana White au conseil d’administration et l’adoption d’un modèle inspiré des « Community Notes » d’Elon Musk, les salariés se questionnent sur la nouvelle direction prise par l’entreprise.
La fin brutale des partenariats de fact-checking
C’est l’annonce qui a mis le feu aux poudres : Meta a décidé unilatéralement de cesser sa collaboration avec les organisations tierces de vérification des faits. Un choc pour les partenaires comme Lead Stories ou Check Your Fact, qui affirment ne pas avoir été prévenus en amont et craignent les conséquences en termes de désinformation sur les plateformes. Financièrement aussi, le coup est rude, comme l’explique Alan Duke de Lead Stories :
La partie la plus douloureuse est de perdre plusieurs très bons journalistes expérimentés, qui ne seront plus payés pour rechercher les fausses allégations trouvées sur les plateformes de Meta.
– Alan Duke, co-fondateur de Lead Stories
Une décision qui semble envoyer le message que les faits comptent moins que la liberté d’expression aux yeux de Meta, selon certains employés inquiets qui se sont exprimés sur Workplace, la plateforme de communication interne.
Dana White, un choix qui fait grincer des dents
Autre sujet de crispation : la nomination surprise de Dana White, le sulfureux président de l’UFC, au conseil d’administration de Meta. Incompréhension, critiques, blagues sarcastiques… Les réactions n’ont pas manqué sous l’annonce en interne, beaucoup soulignant le décalage entre les valeurs supposées d’une entreprise technologique et ce choix.
Mais les messages les plus virulents ont rapidement été supprimés par les équipes de modération de Workplace, au nom du respect des « Community Engagement Expectations ». Une censure elle-même dénoncée par certains comme anti-démocratique et bâillonnant les critiques légitimes, notamment celles émanant des employées.
Le pari risqué des « Community Notes » façon Elon Musk
Enfin, dernier changement majeur, l’adoption d’un système de modération inspiré des « Community Notes » mis en place par Elon Musk sur Twitter (rebaptisé X). L’idée : s’appuyer sur les signalements et contributions des utilisateurs eux-mêmes pour évaluer la véracité et la pertinence des contenus.
Si certains saluent une approche jugée plus réaliste et démocratique, beaucoup craignent au contraire les dérives d’un système favorisant les rapports de force plus que la vérité. Les employés de Meta semblent partagés, comme en témoignent ces réactions :
- « C’est la loi de la jungle version Internet : les plus nombreux et les plus motivés pour troller l’emporteront, peu importe les faits. »
- « Au moins avec ce système, tout le monde a voix au chapitre. Les erreurs seront sûrement fréquentes mais plus faciles à repérer et corriger. »
- « Je crains que ça ne polarise encore plus les discussions et ne noie les faits sous les opinions. »
Avec ces bouleversements tous azimuts, c’est peu dire que les salariés de Meta sont inquiets et en attente de clarifications sur la vision à long terme de leur direction. Entre volonté de transparence et liberté totale d’expression, modération communautaire et vérification des faits, l’équilibre semble périlleux à trouver. L’avenir dira si le pari de Mark Zuckerberg était le bon, mais il divise pour l’instant en interne.