L’industrie spatiale opère par vagues : il y a des sommets vertigineux et des creux profonds, mais c’est toujours exaltant. Lors de la conférence TechCrunch Disrupt, trois investisseurs en capital-risque spécialisés dans l’espace ont discuté de ce qui attend ce secteur dynamique.
L’ombre du boom et du bust des SPAC
Les investissements actuels sont encore largement influencés par l’essor fulgurant puis l’effondrement des SPAC (Special Purpose Acquisition Company) en 2021. De nombreuses entreprises spatiales ayant opté pour cette voie ont vu leur valorisation fondre. Selon Jordan Noone, cofondateur d’Embedded Ventures, il est difficile de dire si l’industrie s’est remise de cet épisode, d’autant plus que les perspectives de sortie restent floues.
Cette vague de SPAC était un phénomène unique. Les leçons ont été tirées : certains investisseurs ont gagné de l’argent, d’autres pas, il y a eu des sorties spectaculaires et des échecs catastrophiques. Mais le marché actuel ne soutient plus cela.
– Jordan Noone, Embedded Ventures
Cependant, Lewis Jones de Seraphim Space estime que malgré la douleur ressentie par les investisseurs, ce phénomène a finalement été bénéfique pour l’industrie en démontrant qu’on ne peut pas introduire prématurément en bourse des entreprises spatiales. Les récentes acquisitions n’ont pas forcément été des issues souhaitables, et il n’y a pas eu d’exemple convaincant d’entrée en bourse réussie dans ce secteur. Cela devrait inciter les acteurs à réfléchir à de meilleures approches pour l’avenir.
Un appétit intact pour le risque
Si ces turbulences ont refroidi certains investisseurs, tous n’ont pas pour autant délaissé le spatial. Katelin Holloway, associée fondatrice de Seven Seven Six, indique que malgré seulement trois investissements dans ce domaine à ce jour, sa société compte bien accroître son exposition à l’avenir.
Pendant des décennies, les gens ont travaillé avec acharnement pour faire progresser cette technologie et obtenir des financements et de l’attention. La NASA accorde des subventions, certes, mais elle est très réfractaire au risque. Ce qu’on voit maintenant, ce sont des gens qui aiment le risque, qui en prennent beaucoup, et qui aident à faire avancer les choses.
– Katelin Holloway, Seven Seven Six
D’après Lewis Jones, à mesure que l’industrie mûrit et se déplace vers la couche applicative, le risque ne vient plus tant de la technologie que du marché. Il existe de nombreuses opportunités moins risquées techniquement dans cette strate.
Je m’intéresse beaucoup aux startups géospatiales en aval. On ne mise pas nécessairement sur leur capacité à développer de nouveaux algorithmes d’IA. Il s’agit plutôt de savoir comment exploiter les données. Cela devient beaucoup plus une question de marché que de technologie.
– Lewis Jones, Seraphim Space
L’exécution avant tout
En définitive, selon Katelin Holloway, les équipes qui l’emporteront seront celles qui livrent.
Les équipes gagnantes seront celles qui surperformeront en livrant. Nous avons eu une pléthore d’entreprises avec des idées grandioses et inspirantes, mais elles ne peuvent pas concrétiser. Celles qui gagneront sont celles qui peuvent livrer, et livrer très rapidement.
– Katelin Holloway, Seven Seven Six
De nouvelles frontières pour l’investissement spatial
En termes d’opportunités futures, Jordan Noone se dit enthousiasmé par ce qui est devenu économiquement et techniquement possible dans l’espace grâce à la baisse des coûts de lancement :
- La livraison orbitale
- La fabrication dans l’espace
- Un marché sur la Lune
L’industrie spatiale est en pleine mutation, offrant un mélange unique de défis et d’opportunités pour les investisseurs et les startups. Malgré les hauts et les bas, l’appétit pour ce secteur reste intact chez ceux qui ont la audace de miser sur son immense potentiel. Les entreprises qui sauront tirer leur épingle du jeu seront celles qui, au-delà des rêves, savent avant tout exécuter et livrer rapidement des solutions concrètes.