Chaque année, la conférence des développeurs d’Apple (WWDC) est attendue avec impatience par la communauté des développeurs iOS. C’est l’occasion pour la firme à la pomme de dévoiler les nouvelles fonctionnalités de ses systèmes d’exploitation, mais aussi parfois de susciter l’inquiétude. En effet, Apple a pris l’habitude d’intégrer directement dans iOS des fonctionnalités auparavant proposées par des applications tierces, une pratique surnommée « sherlocking ». Avec iOS 18, ce sont près de 400 millions de dollars de revenus d’applications qui pourraient être menacés.
Quand Apple « sherlockise » ses développeurs
Le terme « sherlocking » fait référence à une application de recherche des années 90 sur Mac, qui avait emprunté des fonctionnalités à une app tierce appelée Watson. Depuis, chaque fois qu’Apple lance une fonctionnalité qui était auparavant l’apanage d’une application tierce, on dit que celle-ci a été « sherlockisée ». Si cette pratique permet à Apple d’améliorer son système en s’inspirant des idées populaires, elle soulève aussi des questions sur l’utilisation des données propriétaires et l’équité de traitement envers les développeurs.
Avant de lancer son propre système de contrôle parental, Apple a fermé de nombreuses applications tierces qui s’étaient construit une activité dans ce domaine, en déclarant leurs solutions non conformes à ses règles et politiques.
400 millions de dollars de revenus menacés
Selon une analyse réalisée par le cabinet Appfigures, les changements apportés par iOS 18 pourraient affecter des applications totalisant aujourd’hui environ 393 millions de dollars de revenus annuels et ayant été téléchargées environ 58 millions de fois au cours des 12 derniers mois. Parmi les catégories les plus touchées :
- Les applications de randonnée, qui génèrent à elles seules 307 millions de dollars par an
- Les aides à la grammaire et à l’écriture, avec 35,7 millions de dollars de revenus
- Les applications de calcul et d’aide aux devoirs, totalisant 23,4 millions
- Les gestionnaires de mots de passe, avec 20,3 millions de chiffre d’affaires
Beaucoup de ces catégories d’applications connaissaient une forte croissance, notamment les aides à la grammaire (+40% sur un an) et les gestionnaires de mots de passe (+38%). Si les utilisateurs fidèles ne basculeront pas tous immédiatement vers l’offre intégrée d’Apple, cette concurrence de la part de l’OS pourrait fortement freiner leur potentiel de croissance.
Aller plus loin que les solutions Apple pour rester pertinent
Pour les applications tierces, la meilleure défense reste souvent l’attaque. En continuant à innover et en proposant des fonctionnalités avancées au-delà de ce qu’offre Apple nativement, elles peuvent conserver leur base d’utilisateurs exigeants. Tirer parti des dernières possibilités de l’OS, comme l’intégration avec Siri, peut aussi permettre de toucher de nouveaux publics. Mais la route est étroite pour prospérer sur un App Store où votre plus grand concurrent est aussi votre juge et votre jury.