Alors qu’Elon Musk et Mark Zuckerberg continuent de remodeler l’espace des médias sociaux, un groupe d’entrepreneurs et de défenseurs internationaux de la technologie a lancé une campagne visant à protéger les médias sociaux du contrôle et de l’influence des milliardaires. L’initiative, baptisée Free Our Feeds, a pour but de protéger la technologie sous-jacente de Bluesky, le protocole AT, et de l’exploiter pour créer un écosystème de médias sociaux ouvert qui ne peut pas être contrôlé par une seule personne ou entreprise, y compris Bluesky lui-même.

Un objectif ambitieux : une fondation d’intérêt public pour des réseaux sociaux indépendants

L’objectif de l’initiative est d’établir une fondation d’intérêt public qui financerait la création de nouveaux réseaux sociaux interopérables pouvant fonctionner sur le protocole AT, et de construire une infrastructure indépendante pour soutenir ces nouvelles plateformes, même si Bluesky devait se retrouver entre les mains de milliardaires.

La campagne intervient alors que Bluesky a connu une récente augmentation du nombre d’utilisateurs qui ont migré depuis X (anciennement Twitter) après que son propriétaire, Elon Musk, a utilisé la plateforme pour promouvoir la campagne présidentielle de Donald Trump et d’autres causes politiques.

Si vous pensez à notre réseau routier, si toutes les routes appartenaient à un ou deux milliardaires, et qu’ils pouvaient taxer n’importe quoi, décider qui est autorisé à aller où, etc., alors nous serions en difficulté.

– Robin Berjon, technologue indépendant et l’un des neuf « gardiens » du projet

Un soutien de poids et un financement participatif

Free Our Feeds a été lancé avec le soutien de plusieurs noms notables, dont l’acteur Mark Ruffalo, le réalisateur Alex Winter, l’écrivain Cory Doctorow, le fondateur de Wikipedia Jimmy Wales, le président de la Fondation Mozilla Mark Surman, et bien d’autres.

L’équipe reconnaît qu’elle partage les mêmes valeurs que Bluesky, mais elle estime que l’entreprise est susceptible de subir la pression du capital-risque. Si elle devait se retrouver sous le contrôle d’un milliardaire, les utilisateurs méritent des options alternatives soutenues par une infrastructure indépendante. Free Our Feeds souhaite lever 30 millions de dollars sur trois ans, avec un objectif immédiat de 4 millions de dollars pour embaucher une petite équipe et construire une infrastructure indépendante.

Exploiter le potentiel du protocole AT au-delà de Bluesky

Selon Robin Berjon, le protocole AT est actuellement principalement utilisé pour construire Bluesky, mais il pourrait également servir à créer d’autres types d’applications sociales :

• Un analogue d’Instagram
• Un analogue de Facebook
• Un analogue de TikTok
• Des choses qui n’ont pas encore été inventées

Free Our Feeds entend faire en sorte que la fondation indépendante soit établie et opérationnelle d’ici la fin de l’année. Si l’organisation à but non lucratif ne parvient pas à réunir suffisamment de fonds, elle restituera l’argent.

Cette initiative audacieuse vise à assurer un avenir plus ouvert et démocratique pour les médias sociaux, à l’abri de l’influence excessive d’une poignée de milliardaires. Elle témoigne d’une prise de conscience croissante des enjeux de gouvernance et d’indépendance dans les technologies qui façonnent notre quotidien et nos interactions. Reste à voir si Free Our Feeds parviendra à mobiliser suffisamment de soutiens et de ressources pour concrétiser sa vision d’un écosystème social décentralisé et résilient.