L’industrie des véhicules électriques traverse une période tumultueuse, comme en témoigne la récente faillite de Fisker, une startup automobile fondée en 2016. Ce fabricant prometteur se retrouve aujourd’hui dans une situation critique, obligeant ses dirigeants à prendre des mesures drastiques pour tenter de sauver ce qui peut l’être. Retour sur les événements marquants qui ont précipité la chute de Fisker.
Un début prometteur
Fondée par Henrik Fisker et sa femme Geeta Gupta-Fisker, la startup Fisker Inc. avait pour ambition de révolutionner le marché des véhicules électriques avec des modèles innovants et désirables. Le couple de dirigeants, fort de son expérience dans l’industrie automobile, avait réussi à lever des fonds conséquents et à susciter l’engouement autour de leur projet.
Des difficultés financières
Malgré un démarrage en fanfare, Fisker a rapidement été confronté à des problèmes de trésorerie. Le développement et la production de véhicules électriques nécessitent des investissements colossaux, et la startup peinait à générer des revenus suffisants pour couvrir ses dépenses. En 2023, Fisker a dû se résoudre à contracter un prêt de 500 millions de dollars auprès de Heights Capital Management pour maintenir son activité à flot.
Chaque dollar dépensé est irrécupérable. Même une vente approuvée ne soutiendra pas nécessairement une procédure de chapitre 11, surtout si elle est très litigieuse.
– Scott Greissman, avocat représentant Heights Capital Management
Violation d’engagements et perte de contrôle
En fin d’année 2023, Fisker a été en retard dans le dépôt de ses résultats financiers du troisième trimestre, violant ainsi l’un des engagements liés au prêt de Heights Capital Management. Pour remédier à ce manquement, la startup a dû accepter de donner en garantie tous ses actifs. Heights a ainsi pris le contrôle de Fisker, reléguant les autres créanciers au second plan.
Procédure de mise en faillite
Acculé, Fisker s’est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites en juin 2024. Cette procédure permet à l’entreprise de se restructurer tout en étant protégée de ses créanciers. La priorité est donnée à la vente des actifs restants, notamment les stocks de véhicules électriques, afin de rembourser les dettes et financer la suite de la procédure.
Nous sommes très inquiets que l’approche du comité des créanciers chirographaires dans cette affaire détruise de la valeur plutôt que d’en créer.
– Scott Greissman, avocat représentant Heights Capital Management
Dirigeants au salaire symbolique
Pour tenter de préserver la trésorerie pendant la procédure de faillite, Henrik Fisker et Geeta Gupta-Fisker ont accepté de réduire leur salaire à 1$ symbolique. Un geste fort, mais probablement insuffisant au vu des sommes en jeu et des dettes accumulées par la société, qui s’élèveraient à près d’un milliard de dollars pour les seuls créanciers chirographaires.
Ventes aux enchères et avenir incertain
Fisker cherche maintenant à vendre aux enchères plus de 3000 véhicules électriques à American Lease, une société spécialisée dans la location pour les chauffeurs VTC, afin de récupérer 46 millions de dollars. Mais d’autres acheteurs potentiels se manifestent, laissant planer le doute sur l’issue de cette procédure. Le chemin de la restructuration s’annonce long et complexe pour la startup.
Les leçons à tirer
Le cas Fisker illustre les défis auxquels sont confrontées les startups automobiles, en particulier dans le secteur des véhicules électriques :
- Importance d’une gestion financière rigoureuse et d’une anticipation des besoins en capitaux
- Nécessité de tenir ses engagements vis-à-vis des créanciers sous peine de perdre le contrôle
- Difficulté à générer des revenus rapidement face aux géants établis du secteur
Cette faillite retentissante jette une ombre sur l’avenir des startups automobiles et interroge sur la viabilité des modèles économiques basés uniquement sur les véhicules électriques. Il est crucial pour ces entreprises de diversifier leurs sources de revenus, de nouer des partenariats stratégiques et de maîtriser leurs dépenses pour espérer s’imposer sur ce marché hautement concurrentiel et capitalistique.