Imaginez un monde où votre smartphone, votre ordinateur et tous vos objets connectés fonctionnent grâce à des puces fabriquées principalement dans un seul pays. C’est la réalité actuelle, avec la Corée du Sud qui domine le marché mondial des semi-conducteurs. Et le pays compte bien conserver son avance, comme en témoigne le dernier plan d’investissement massif annoncé par le gouvernement coréen.
18 milliards d’euros pour rester leader mondial
Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a dévoilé jeudi dernier une enveloppe de 26 000 milliards de wons, soit environ 17,5 milliards d’euros, pour soutenir l’industrie locale des semi-conducteurs. Ce montant s’ajoute à un précédent plan de 6,4 milliards d’euros lancé le 12 mai, ainsi qu’à un programme de 470 milliards de dollars annoncé en janvier.
L’objectif est clair : permettre à la Corée du Sud de conserver son leadership dans un contexte de course mondiale effrénée aux puces électroniques. Le plan prévoit des aides au financement, à la R&D, aux infrastructures, ainsi qu’un soutien aux PME du secteur.
Un méga complexe de fabrication de puces en projet
Parmi les mesures phares, on note la création d’un fonds d’investissement de 1000 milliards de wons pour soutenir l’écosystème des semi-conducteurs, en particulier les petites et moyennes entreprises et les sociétés de conception de puces. Un vaste programme de 11,5 milliards d’euros est aussi prévu, géré par la Banque coréenne de développement, pour aider les entreprises à investir massivement, par exemple dans l’agrandissement de leurs usines.
Mais le projet le plus ambitieux est sans doute la construction d’un mega complexe de fabrication de semi-conducteurs près de la capitale Séoul. Une fois achevé, il s’agirait tout simplement du plus grand site de production de puces au monde. Selon le gouvernement, il pourrait créer plusieurs millions d’emplois.
Les géants Samsung et SK Hynix en fer de lance
La Corée du Sud peut compter sur la présence sur son territoire de deux mastodontes du secteur : Samsung, numéro un mondial des puces mémoires, et SK Hynix. À eux deux, ils fournissent une grande partie des composants qu’on retrouve dans nos appareils électroniques du quotidien partout dans le monde.
Samsung avait d’ailleurs annoncé il y a deux ans un plan d’investissement pharaonique de 305 milliards d’euros dans son pays d’origine. La firme va donc pouvoir tirer profit des nouvelles mesures de soutien du gouvernement coréen, tout comme SK Hynix et les autres acteurs locaux du secteur.
Une « guerre totale » entre pays
Ce plan d’investissement survient alors que depuis la pandémie de Covid-19 et la pénurie mondiale de semi-conducteurs qui a suivi, de nombreux pays cherchent à attirer les géants du secteur sur leur sol, à coups de subventions et d’avantages fiscaux. On pense notamment aux États-Unis avec leur « Chips Act » et à l’Union Européenne qui vise à produire 20% des semi-conducteurs mondiaux d’ici 2030.
Face à cette concurrence des pays occidentaux, les leaders asiatiques comme la Chine, Taïwan et donc la Corée du Sud contre-attaquent pour rester dans la course. Le président Yoon Suk-yeol a d’ailleurs déclaré sans détour que « les semi-conducteurs font l’objet d’une guerre totale entre pays ». Une guerre cruciale quand on sait que les puces représentent le premier poste d’exportation pour l’économie sud-coréenne.
Les semi-conducteurs font l’objet d’une guerre totale entre pays.
– Yoon Suk-yeol, Président de la Corée du Sud
Un plan global pour la tech coréenne
Au-delà des semi-conducteurs, ces investissements massifs s’inscrivent dans une stratégie plus large de la Corée du Sud pour conforter son statut de géant technologique. Le plan prévoit aussi des aides pour d’autres secteurs clés comme les batteries et les écrans, domaines où des champions nationaux comme Samsung sont aussi très bien positionnés.
Le gouvernement mise ainsi sur plusieurs piliers industriels pour assurer la prospérité future du pays. Une prospérité qui semble plus que jamais liée à la capacité de la Corée du Sud à rester à la pointe de la haute technologie, et à conserver son avance face aux ambitions des États-Unis, de l’Europe et de la Chine. Une chose est sûre : les prochaines années s’annoncent passionnantes dans la guerre mondiale des puces !