La Fin des Robotaxis de Cruise : Un Tournant pour l’Industrie

L’industrie des véhicules autonomes vient de connaître un tournant majeur avec l’annonce choc de General Motors : le constructeur automobile a décidé de ne plus financer sa filiale de robotaxis, Cruise Automation. Cette nouvelle a pris de court de nombreux observateurs et soulève des questions sur l’avenir de ce secteur en pleine effervescence.

Retour sur l’histoire de Cruise Automation

Fondée en 2013 à San Francisco par Kyle Vogt et Dan Kan, la startup Cruise Automation s’est rapidement fait un nom dans l’univers des véhicules autonomes. Après avoir initialement développé des kits de rénovation pour véhicules grand public, l’entreprise s’est recentrée sur le développement de logiciels de conduite autonome.

En mars 2016, le géant automobile General Motors rachète Cruise pour 1 milliard de dollars, marquant ainsi le début d’une course effrénée dans ce secteur prometteur. Les investissements affluent et de nombreuses startups voient le jour, portées par l’engouement autour de cette technologie révolutionnaire.

Des débuts prometteurs pour Cruise

Sous l’égide de GM, Cruise se positionne comme un acteur majeur aux côtés de poids lourds comme Waymo (Alphabet), Zoox (Amazon) ou encore Motional (Hyundai). En août 2023, la startup décroche enfin le précieux sésame pour opérer commercialement ses robotaxis à San Francisco.

Lors d’une interview au Disrupt 2023, le CEO Kyle Vogt affichait sa confiance en l’avenir malgré les premières critiques sur les véhicules autonomes de Cruise. Mais le vent tourne brusquement le 2 octobre suite à un accident grave impliquant un piéton.

La chute de Cruise

Ce tragique incident marque le début de la fin pour Cruise. Son permis est suspendu, Kyle Vogt démissionne, 24% des effectifs sont licenciés et les opérations sont stoppées dans toutes les villes. Si des signaux laissaient présager un retour, la récente déclaration de Mary Barra, PDG de GM, douche les espoirs.

GM ne financera plus Cruise et se recentre sur des véhicules autonomes personnels.

– Mary Barra, PDG de General Motors

Cette décision choc laisse les employés de Cruise « abasourdis » selon les mots d’une source interne. Le partenaire technologique Microsoft accuse également le coup en bourse suite à cette annonce. De son côté, Honda emboîte logiquement le pas en coupant les vivres à son programme conjoint avec Cruise au Japon.

Les leçons à tirer pour l’industrie des véhicules autonomes

Le cas Cruise illustre les défis immenses qui attendent encore les acteurs des véhicules autonomes avant un déploiement grand public :

  • Fiabilité et sécurité des systèmes
  • Acceptabilité et confiance des utilisateurs
  • Cadre légal et responsabilités
  • Modèle économique et rentabilité
  • Infrastructure et intégration dans l’écosystème de mobilité urbaine

Cette mésaventure ne signifie pas la fin des véhicules autonomes, loin de là. Mais elle appelle à recalibrer les attentes et à adopter une approche plus progressive et raisonnée. La sécurité et l’éthique doivent primer sur la course à l’innovation à tout prix.

Quel avenir pour les robotaxis et la mobilité autonome ?

Le virage opéré par GM vers des véhicules autonomes personnels plutôt que des flottes de robotaxis partagés est révélateur d’une tendance de fond. De nombreux constructeurs et startups semblent désormais privilégier cette voie, à l’image de Tesla avec son Autopilot ou de Waymo et ses récentes annonces.

Intégrer progressivement des fonctionnalités de conduite autonome dans des véhicules particuliers apparaît comme une stratégie plus viable à court et moyen terme. Cela permet de tester et d’améliorer la technologie à grande échelle, tout en s’affranchissant des contraintes liées à la gestion de flottes.

Néanmoins, le rêve des robotaxis n’est pas mort pour autant. Des acteurs comme Waymo continuent d’y croire dur comme fer et multiplient les partenariats, à l’image du service lancé avec WeRide à Abu Dhabi. Le chemin sera long et semé d’embûches, mais cette vision d’une mobilité urbaine entièrement autonome garde un pouvoir de fascination intact.

Une chose est sûre : la décision fracassante de GM concernant Cruise restera comme un moment charnière dans l’histoire encore balbutiante des véhicules autonomes. Elle nous rappelle que le futur se construit pas à pas, au fil d’avancées enthousiasmantes mais aussi de coûteux échecs. Seuls ceux qui sauront tirer les leçons du passé tout en gardant foi en leur mission pourront prétendre façonner la mobilité de demain.

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