Le shérif Kevin McMahill du département de police de Las Vegas (LVMPD) a récemment révélé ses ambitions d’intégrer l’intelligence artificielle dans le travail quotidien de ses officiers. Lors d’un podcast avec les célèbres capital-risqueurs Marc Andreessen et Ben Horowitz du fonds Andreessen Horowitz, le shérif a notamment exprimé son souhait d’utiliser l’IA pour analyser les images des caméras corporelles des agents et les données des antennes-relais récupérées lors des enquêtes.
Un partenariat inédit entre la police et la Silicon Valley
Le LVMPD bénéficie depuis quelque temps d’un soutien financier de Ben Horowitz pour acquérir des technologies comme des drones ou des lecteurs de plaques d’immatriculation développés par des startups dans lesquelles Andreessen Horowitz a investi. Emails obtenus par TechCrunch à l’appui, le célèbre investisseur a même participé directement à des décisions concernant le déploiement de certains outils. Une proximité qui soulève des questions chez les défenseurs des libertés publiques, mais que les deux parties comptent bien approfondir. « Nous n’allons pas arrêter » de financer ces achats a affirmé Ben Horowitz.
Il est certain que ces programmes mettront plus de temps à se généraliser ailleurs aux États-Unis, mais nous allons prouver que ça marche, et je pense que de plus en plus de villes trouveront des gens comme vous.
– Kevin McMahill, Shérif de Las Vegas
L’IA pour accélérer l’analyse des images de caméras et des données d’antennes
Concrètement, le shérif souhaiterait s’appuyer sur l’IA pour automatiser certaines tâches chronophages, à commencer par le floutage des visages ou la suppression des informations sensibles dans les vidéos des caméras corporelles avant leur publication, imposée par les demandes d’accès à l’information. Il aimerait aussi un outil capable de rapidement isoler les numéros pertinents dans les millions de données des antennes-relais récupérées lors d’une enquête, pour identifier la position d’un suspect.
Cette technologie ne peut pas être si difficile à développer pour nous amener à un stade où je n’ai plus besoin de vrais flics pour faire un travail fastidieux de suppression des visages, adresses, noms, éléments prononcés dans ces vidéos.
– Kevin McMahill, Shérif de Las Vegas
Interrogés, les partners d’Andreessen Horowitz se sont dits confiants dans la capacité de leurs startups en portefeuille à développer rapidement de telles solutions. « Cela devrait être très facile » a commenté Marc Andreessen au sujet de l’automatisation du floutage des visages dans la vidéo. Son associé a qualifié l’exploitation par l’IA des données d’antennes de « problème très simple à résoudre pour nous ».
Une tendance de fond malgré les inquiétudes
Si le cas de Las Vegas se démarque par l’implication directe et approfondie d’une des plus grosses firmes de capital-risque, la volonté d’utiliser l’IA dans le travail policier est une tendance de fond. La startup Abel a notamment levé 5 millions de dollars en juin pour son outil d’analyse des images de caméras corporelles et de rédaction automatisée de rapports. Le géant Axon, très implanté dans les services de police, propose aussi désormais des fonctionnalités s’appuyant sur l’apprentissage machine.
Cette évolution suscite cependant des craintes chez de nombreux observateurs, inquiets des dérives potentielles et des atteintes à la vie privée. L’utilisation d’algorithmes opaques, formés sur des données régulièrement biaisées, fait redouter des discriminations accrues. Le croisement facilité de bases de données toujours plus vastes érode un peu plus le droit à l’anonymat dans l’espace public. Autant de sujets que les départements de police prêts à déployer l’IA devront aborder avec précaution et transparence pour ne pas entamer encore plus la confiance de la population.
- L’IA pourrait bientôt être utilisée par la police de Las Vegas pour analyser les images de caméras corporelles et les données d’antennes-relais
- La police bénéficie du soutien financier et technologique du fonds Andreessen Horowitz qui y voit un terrain d’expérimentation et de démonstration
- Si l’IA peut faire gagner du temps aux agents, son utilisation par les forces de l’ordre soulève des inquiétudes en termes de vie privée et de discriminations