L’Inde, avec son immense marché de détail de 1 100 milliards de dollars, connaît une croissance fulgurante de l’e-commerce. Cependant, cette expansion rapide suscite des inquiétudes quant à son impact sur les petits détaillants traditionnels. Le ministre du Commerce indien, Piyush Goyal, a récemment exprimé ses préoccupations lors du lancement d’un rapport sur l’impact de l’e-commerce sur l’emploi et le bien-être des consommateurs en Inde.
Une croissance e-commerce préoccupante pour les petits commerces
Selon les projections, la part de marché de l’e-commerce en Inde devrait atteindre 50% d’ici 10 ans. Une perspective qui inquiète le ministre Goyal :
Allons-nous provoquer d’énormes perturbations sociales avec cette croissance massive de l’e-commerce ? Je ne considère pas comme une fierté qu’une grande partie de notre marché puisse faire partie du réseau de commerce électronique d’ici 10 ans ; c’est une source de préoccupation.
– Piyush Goyal, ministre du Commerce indien
Le marché de l’e-commerce en Inde double de taille tous les quatre ans, avec un taux de croissance annuel de 11 à 12%. Les start-ups de « quick commerce » comme Blinkit (Zomato), Instamart (Swiggy) et Zepto connaissent une expansion rapide, avec des ventes projetées dépassant les 4,5 milliards de dollars cette année.
L’e-commerce menace les produits à forte marge des petits détaillants
Les entreprises d’e-commerce s’attaquent aux produits à forte marge que vendent les magasins physiques, essentiels à la survie des petits détaillants. Goyal s’interroge :
Combien de magasins de téléphones portables voyez-vous maintenant au coin de la rue ? Combien y en avait-il il y a 10 ans ? Où sont passés ces magasins ?
– Piyush Goyal, ministre du Commerce indien
Des stratégies de prix « prédatrices » remises en question
Le ministre critique les stratégies de prix des grandes entreprises d’e-commerce, s’interrogeant sur leurs pertes déclarées :
Si vous faites 6 000 crores de roupies (715 millions de dollars) de pertes par an, cela ne ressemble-t-il pas à une tarification prédatrice pour vous ?
– Piyush Goyal, ministre du Commerce indien
Goyal remet en question la célébration des investissements majeurs d’Amazon en Inde, soulignant que le milliard de dollars investi ne vient pas vraiment soutenir l’économie indienne mais combler les pertes de l’entreprise.
Une réglementation stricte de l’e-commerce en Inde
La loi indienne exige qu’Amazon, Flipkart et les autres acteurs de l’e-commerce opèrent en tant que places de marché pures dans le pays. Ils n’ont pas le droit de posséder les stocks qu’ils vendent – une leçon qu’ils ont apprise à la dure.
Trouver un équilibre entre e-commerce et commerce traditionnel
Le ministre Goyal ne nie pas le rôle de l’e-commerce mais appelle à une réflexion prudente sur sa place :
Je ne souhaite pas faire disparaître l’e-commerce. Je ne nie pas que l’e-commerce a un rôle à jouer, mais nous devons réfléchir très attentivement à ce rôle.
– Piyush Goyal, ministre du Commerce indien
L’Inde doit trouver un équilibre entre soutenir la croissance de l’e-commerce et protéger ses millions de petits détaillants traditionnels. Des réglementations claires et une surveillance stricte seront essentielles pour s’assurer que les géants de la technologie ne faussent pas le marché avec des pratiques déloyales.
Dans le même temps, les petits commerces devront s’adapter et innover pour rester compétitifs à l’ère numérique. L’e-commerce ouvre aussi de nouvelles opportunités pour les entrepreneurs indiens, comme en témoigne le succès des startups de quick commerce.
L’avenir du commerce de détail en Inde sera façonné par la capacité du pays à embrasser les avantages de l’e-commerce tout en préservant son riche tissu de petits commerces. Un défi de taille pour les décideurs politiques et les acteurs du marché dans les années à venir.