Alors que les investissements dans les startups européennes ont connu un ralentissement global en 2024, l’écosystème français des startups a fait preuve de résilience, notamment grâce au dynamisme des jeunes pousses spécialisées en intelligence artificielle. Selon le dernier rapport d’Alex Dewez, partner chez 20VC, sur l’état de l’écosystème tech français, les startups tricolores ont levé 7,1 milliards d’euros en 2024, un montant légèrement supérieur aux 6,8 milliards de 2023.
L’IA, moteur de croissance du venture français
Si le niveau global de financement reste stable par rapport à l’année précédente, c’est en grande partie grâce à la forte dynamique du secteur de l’IA. Les startups spécialisées dans ce domaine ont vu leurs levées de fonds bondir de 82% en un an, représentant désormais 27% du total des investissements dans la French Tech.
Cette tendance reflète l’intérêt croissant des investisseurs pour le potentiel transformateur de l’IA, perçue comme le prochain grand vecteur d’opportunités pour l’écosystème startup. Les performances des pépites françaises de l’IA comme Mistral AI (foundation models), Owkin et Aqemia (drug discovery) ou encore PhotoRoom et Dust (applications IA) n’y sont pas étrangères.
Paris, 2ème hub tech européen derrière Londres
Avec ces bons chiffres, la France consolide sa place de 3ème écosystème tech européen derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne en termes de montants investis. Mais à l’échelle des villes, Paris s’impose comme le 2ème pôle d’attractivité pour les startups et les investisseurs, devant Berlin.
La capitale française compte désormais 45 licornes, avec 3 nouvelles entrées dans le club en 2024 : Pennylane (logiciel de comptabilité), Pigment (plateforme de planification d’entreprise) et Poolside (outil de développement logiciel basé sur l’IA). Toutefois, dans un contexte économique plus tendu, certaines licornes ont aussi connu des difficultés, à l’image de Ynsect, Cubyn ou Luko.
Un potentiel d’introduction en bourse, mais des freins persistent
Malgré un marché des IPO encore frileux, Alex Dewez identifie plusieurs « pépites » de la French Tech qui pourraient franchir le pas de la bourse prochainement au vu de leurs solides performances :
- Un ARR supérieur à 300 millions de dollars
- Une croissance annuelle de 20 à 30%
- La rentabilité ou une perspective proche de l’être
Parmi les startups remplissant ces critères figurent Back Market, Dataiku, Doctolib, Qonto et Content Square. Néanmoins, à l’instar du Royaume-Uni, la France reste un marché timide pour les IPO tech, la plupart des entreprises lorgnant plutôt vers les États-Unis, un choix compliqué en l’absence d’une présence client outre-Atlantique.
Un montant des « exits » stable depuis 3 ans
Côté « exits », le nombre total d’opérations a reculé de 14% en 2024, mais le montant cumulé des sorties est resté stable autour de 12 milliards d’euros pour la 3ème année consécutive selon Dewez. Parmi les plus grosses acquisitions figurent celle de Withings par Nokia ou le rachat de Silvr par le géant du paiement Checkout.com.
L’écosystème français a montré une vraie capacité d’adaptation et de résilience, en particulier grâce au dynamisme des startups IA qui ont su capter une part croissante des investissements.
– Alex Dewez, partner 20VC
Un risque à surveiller : le ralentissement des investissements britanniques
Malgré ces signaux positifs, le rapport pointe aussi un risque potentiel pour l’écosystème français : le ralentissement des investissements en provenance de fonds britanniques dans les startups tricolores en 2024. Une tendance à surveiller, alors que les levées de fonds « early stage » ont déjà marqué le pas en 2023. L’assèchement du capital risque d’outre-Manche pourrait peser sur le financement des futures pépites tech en phase d’amorçage.
Au global, le bilan reste malgré tout positif pour la French Tech en 2024. Dans un contexte de ralentissement général du venture en Europe, l’écosystème français a su « limiter la casse » et générer des success stories prometteuses, notamment dans le secteur bouillonnant de l’IA. De quoi aborder 2025 avec un optimisme prudent, tout en gardant un œil attentif sur l’évolution des investissements étrangers. Car plus que jamais, l’avenir des startups françaises passera par leur capacité à attirer les meilleurs investisseurs internationaux sur des secteurs d’avenir.