Kirill Parubets, un programmeur russe, vient de révéler une expérience choquante de surveillance gouvernementale. Selon son témoignage, des agents du Service Fédéral de Sécurité (FSB) russe ont installé un logiciel espion sur son téléphone Android après l’avoir détenu à Moscou plus tôt cette année. Les chercheurs en sécurité ont confirmé la présence de spyware sur l’appareil, probablement installé lorsque les autorités avaient un accès physique au téléphone et avaient forcé Parubets à leur donner son code.
Une Intrusion Brutale et Traumatisante
Pour Parubets, analyste de systèmes russe qui se définit comme « un activiste politique d’opposition », cela a été une épreuve terrifiante. Le 18 avril 2024, six agents du FSB armés de mitraillettes ont fait irruption dans son appartement de Moscou à 6h30 du matin. Ils l’ont jeté au sol avec sa femme, exigeant son mot de passe de téléphone. Grâce à son expertise informatique et sa vigilance, le récit de Parubets offre un rare témoignage direct des autorités russes déployant des logiciels espions sur l’un de leurs citoyens, non pas via une attaque de hacking à distance techniquement avancée, mais avec une approche plus brutale.
Un Malware Sophistiqué Développé sur Plusieurs Années
Les chercheurs de Citizen Lab, un observatoire de surveillance sur Internet de l’Université de Toronto, ont analysé l’application suspecte identifiée par Parubets. Ils concluent dans un nouveau rapport qu’il s’agit bien d’un logiciel espion, probablement une nouvelle version du malware « Monokle ». Développé professionnellement sur plusieurs années selon les experts, Monokle avait déjà été lié en 2019 au Centre de Technologies Spéciales de Saint-Pétersbourg, une entreprise sanctionnée par les États-Unis pour son assistance technologique aux activités d’espionnage du gouvernement russe.
Les gens passent beaucoup de temps à penser aux attaques zero-day, mais ont tendance à oublier que quelqu’un ayant un accès physique à votre téléphone et pouvant vous obliger à le déverrouiller par la violence est un risque tout aussi probable.
– Cooper Quintin, chercheur chez Citizen Lab
Un Avertissement pour les Visiteurs en Russie
Cette histoire souligne les risques de surveillance pesant sur tout individu dont l’appareil a été confisqué par un service de sécurité, en particulier en Russie. Comme le souligne Dmitry Zair-Bek, responsable du projet de défense des droits de l’homme First Department qui a aidé Parubets :
L’ampleur de la répression est vraiment terrifiante, et un problème majeur est qu’il n’y a plus de « lignes rouges » de ce qui est permis. En plus des Ukrainiens, les citoyens des pays occidentaux visitant la Russie constituent un groupe à risque particulièrement élevé. Ils sont une cible tentante pour le recrutement et l’emprisonnement potentiel en tant qu’otages.
– Dmitry Zair-Bek, First Department
Des Précautions Essentielles pour Protéger sa Vie Privée
Face à ces menaces, quelles leçons en tirer pour protéger au mieux sa vie privée et sa sécurité numérique, en particulier lors de voyages dans des pays à risque ? Voici quelques conseils clés :
- Voyager si possible avec des appareils « propres », sans données personnelles sensibles
- Activer le chiffrement de ses appareils avec des codes robustes
- Faire des sauvegardes avant de partir et réinitialiser ses appareils au retour si confisqués
- Utiliser des moyens de communication chiffrés de bout en bout
Comme le montre le cas de Kirill Parubets, la vigilance est essentielle face aux tentatives d’espionnage des gouvernements, y compris via des méthodes low-tech mais toujours aussi intrusives. Son histoire rappelle que protéger sa vie privée est plus que jamais un défi dans notre monde hyperconnecté, où la frontière entre sphères intime et publique s’avère bien fragile.