Le Futur Des Accélérateurs De Startups En Afrique

L’écosystème des startups en Afrique est à un tournant crucial. Alors que le célèbre accélérateur Y Combinator réduit sa présence sur le continent, une nouvelle vague d’initiatives locales émerge pour prendre le relais. Portés par des alumni africains de YC, ces nouveaux accélérateurs ambitionnent de devenir les fers de lance du soutien aux entrepreneurs du continent.

Un changement de paradigme pour les accélérateurs africains

Pendant des années, des acteurs locaux comme Co-creation HUB, Flat6Labs ou MEST Africa ont œuvré aux côtés d’accélérateurs internationaux pour identifier et accompagner les pépites africaines. Mais avec le retrait des investisseurs étrangers, c’est tout le modèle qui est remis en question. Iyinoluwa Aboyeji, co-fondateur de la fintech Flutterwave (qui est passée par YC), appelle la communauté à « se rassembler pour financer les startups early-stage de manière programmatique ».

C’est dans cet esprit qu’est né Accelerate Africa, l’accélérateur lancé par Aboyeji lui-même. Avec déjà 20 startups en portefeuille, son ambition est claire : devenir le « YC de l’Afrique ». Un défi de taille, mais qui s’appuie sur une vision pragmatique. Plutôt que de singer les géants américains, Accelerate Africa mise sur un ancrage local fort, en nouant des partenariats avec des banques, des telcos et des grandes entreprises africaines.

Nous travaillons étroitement avec ces entreprises pour créer des opportunités de sortie et aider nos startups à résoudre les problèmes spécifiques à leurs marchés, plutôt que de copier le modèle de financement de la Silicon Valley.

Iyinoluwa Aboyeji, fondateur d’Accelerate Africa

L’Afrique aussi a son mot à dire sur l’IA

Si la vague de l’IA générative déferle sur l’Occident, l’Afrique semble pour l’instant à la traîne. Pourtant, le potentiel est là. C’est le pari de GoTime AI, un accélérateur nigérian dédié aux startups de l’intelligence artificielle. Fondé par Olugbenga Agboola, autre alumni africain de YC, il accueille déjà 5 startups dans sa première promotion.

Parmi elles, CDIAL.AI, qui développe un agent conversationnel maîtrisant les langues africaines. Un défi technologique et culturel majeur, qui illustre la volonté des entrepreneurs du continent de s’emparer des grandes tendances mondiales. Car l’enjeu n’est pas de copier ce qui se fait ailleurs, mais bien de construire des solutions adaptées aux réalités locales.

Nous parions sur le fait que les talents d’ici sont aussi bons, voire meilleurs, que dans d’autres pays, tout en bénéficiant d’un coût d’exploitation inférieur.

Hasan Luongo, General Partner de GoTime AI

Le financement, nerf de la guerre

Car c’est bien là le défi : attirer les investisseurs, locaux comme internationaux, dans un contexte de raréfaction des capitaux. Si Accelerate Africa fonctionne pour l’instant sur un modèle de subvention, GoTime AI a fait le choix d’investir jusqu’à 200 000 dollars contre 8% d’equity dans ses startups. Un pari osé, mais qui témoigne d’une volonté de s’inscrire sur le long terme.

D’autres initiatives émergent pour dynamiser le financement des startups africaines. Des fonds comme Partech Africa, Norrsken22 ou Algebra Ventures ont levé près d’un milliard de dollars ces dernières années. Mais pour les convaincre d’investir massivement, il faudra des success stories à la hauteur. C’est tout l’enjeu des nouveaux accélérateurs : identifier et propulser les futurs champions.

Bâtir un écosystème entrepreneurial pérenne

Au-delà du financement, c’est tout un écosystème qu’il faut construire. Cela passe par des programmes de mentoring, de la mise en relation avec les grands groupes, de l’accès aux talents… Autant de leviers sur lesquels les accélérateurs ont un rôle clé à jouer. En tissant des liens forts avec les acteurs locaux, ils contribuent à créer un terreau fertile pour l’entrepreneuriat africain.

Reste la question des débouchés. Pour l’instant, peu de startups africaines se sont lancées sur les marchés boursiers locaux. Mais à mesure que l’écosystème gagnera en maturité, de nouvelles opportunités s’ouvriront. À l’image de Flutterwave et Interswitch, qui envisagent une IPO, les success stories de demain se construisent aujourd’hui.

L’Afrique, futur hub mondial de l’innovation ?

Dans un monde en quête de nouveaux relais de croissance, l’Afrique a une carte maîtresse à jouer. Avec sa jeunesse dynamique, ses besoins immenses et son appétence pour les nouvelles technologies, le continent regorge d’opportunités. Et si les défis sont nombreux, de l’accès à l’énergie aux infrastructures en passant par la formation, les entrepreneurs africains ont prouvé leur capacité à innover dans l’adversité.

Les nouveaux accélérateurs en sont le fer de lance. En misant sur les talents locaux et en les connectant au meilleur des pratiques mondiales, ils posent les jalons d’un écosystème entrepreneurial pérenne. Un écosystème qui, demain, pourrait faire de l’Afrique l’un des hubs incontournables de l’innovation à l’échelle planétaire. Le pari est lancé.

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