Une cyberguerre sino-japonaise vient d’être dévoilée au grand jour. Le gouvernement nippon a lancé une alerte ce mercredi, accusant un groupe de hackers chinois d’avoir ciblé et infiltré des dizaines d’organisations gouvernementales, d’entreprises et d’individus au pays du Soleil Levant depuis 2019. Baptisé « MirrorFace », ce collectif serait lié à la Chine et aurait pour objectif principal le vol d’informations liées à la sécurité nationale et aux technologies de pointe du Japon.
Une longue liste de cibles de choix
Selon un rapport détaillé, MirrorFace s’en est pris aux ministères japonais des Affaires étrangères et de la Défense, à l’agence spatiale nippone, ainsi qu’à des politiciens, journalistes, entreprises privées et think tanks technologiques. Une véritable razzia, qui dénote une volonté d’espionnage tous azimuts de la part de la Chine.
« Les cibles initiales de MirrorFace étaient les médias, les organisations politiques, les think tanks et les universités, mais depuis 2023, le groupe s’est tourné vers les fabricants et les instituts de recherche », a précisé le JPCERT/CC, le centre de coordination japonais pour les incidents et urgences informatiques.
JPCERT/CC
Un modus operandi bien rodé
MirrorFace utilise la technique de l’hameçonnage (spear phishing) pour piéger ses victimes. Concrètement, le groupe envoie des emails contenant des pièces jointes malveillantes, en ciblant spécifiquement :
- Les individus travaillant pour des think tanks, les politiciens actifs et retraités, et les journalistes (2019-2023)
- Les appareils réseau connectés à Internet utilisés dans les entreprises des secteurs des semi-conducteurs, de la fabrication, de l’information et des communications, des universités et de l’aérospatiale (depuis 2023)
- Les universitaires, think tanks, politiciens et médias japonais (depuis juin 2024)
Le Japon, maillon faible face à la Chine ?
Malgré son statut d’allié de longue date des États-Unis, le Japon souffre de capacités limitées dans le cyberespace, en partie à cause de sa constitution pacifiste. En 2020 déjà, la NSA américaine avait découvert que des hackers militaires chinois avaient compromis certains des réseaux de défense classifiés les plus sensibles du Japon. Un constat alarmant qui souligne la vulnérabilité nippone face à l’appétit vorace de Pékin pour les données stratégiques.
Cette révélation des activités du groupe MirrorFace met en lumière l’ampleur de la menace chinoise dans le cyberespace, et la nécessité pour le Japon de renforcer urgemment ses défenses numériques. Car dans cette cyberguerre de l’ombre, l’empire du Milieu semble avoir pris une longueur d’avance sur l’archipel nippon. Un défi de taille pour Tokyo, qui doit impérativement combler son retard s’il veut préserver ses secrets les plus précieux.