Dans un contexte économique incertain, l’innovation en matière de gestion des risques bancaires est plus cruciale que jamais. C’est dans cette optique que le modèle « Downturn LGD » développé par Varun Nakra a révolutionné le secteur, en permettant de prédire avec précision les pertes sur les prêts hypothécaires résidentiels en cas de ralentissement économique. Aujourd’hui largement adopté par les grandes banques australiennes, ce modèle est devenu une référence mondiale.
Un défi technique de taille
Le principal obstacle rencontré par Nakra et son équipe lors du développement du modèle fut le manque de données historiques sur les périodes de crise. En effet, avant la pandémie de COVID-19, le marché immobilier australien était florissant depuis le krach boursier des années 1990. Il a donc fallu innover pour créer un modèle fiable et précis malgré l’absence de données directes :
Nous avons dû développer un modèle qui pourrait toujours être précis et fiable sans avoir à nous appuyer sur des données directes provenant de crises passées.
– Varun Nakra
Une validation rigoureuse par les régulateurs
Face à la flambée des prix de l’immobilier à Sydney et Melbourne, les régulateurs ont identifié un risque systémique sur le marché hypothécaire. Le modèle prédictif de Nakra était la solution pour s’assurer que les banques disposent de suffisamment de capital en réserve pour faire face aux pertes potentielles. L’approbation du modèle a nécessité un processus rigoureux, avec plus de 100 questions des régulateurs sur deux cycles d’évaluation, afin de prouver sa robustesse et sa précision.
Un impact significatif sur les réserves de capital
Grâce au modèle LGD de Nakra, les exigences de fonds propres pour les prêts hypothécaires ont pu être réduites d’environ 20% à 15% en moyenne. Cela représente une économie de capital de 5% pour les banques, qui peut être réinvestie. Le modèle est désormais utilisé par une grande banque australienne pour la planification des fonds propres réglementaires, ainsi que par les régulateurs pour s’assurer de la suffisance des réserves tout au long du cycle économique.
S’adapter aux nouveaux défis post-pandémie
Le succès du modèle démontre la nécessité d’une innovation continue dans le secteur bancaire. Nakra souligne l’importance de mettre à jour les modèles pour tenir compte des nouveaux risques liés à l’inflation et aux taux d’intérêt élevés après la pandémie. Les modèles doivent être repensés et réétalonnés en permanence, en intégrant de nouveaux scénarios de stress tests et des analyses quantitatives.
L’immobilier commercial, une zone à risque
Selon Nakra, l’immobilier commercial est une préoccupation majeure pour les banques, en particulier dans les grands centres comme New York et Los Angeles. La pandémie a entraîné une augmentation des bureaux vacants, accroissant le risque de défaut sur les prêts immobiliers. Les régulateurs surveillent de près ce risque pour éviter qu’il ne devienne systémique.
Vers une finance durable et intégrée à l’IA
Alors que le secteur bancaire américain fait face à des risques émergents, Nakra se penche sur de nouveaux modèles de finance durable, intégrant les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Bien qu’il n’existe pas encore de méthodologie standard ou de lignes directrices simples pour développer ces modèles, Nakra est convaincu que c’est l’avenir du secteur. L’intégration de l’intelligence artificielle sera essentielle et inévitable pour mettre en œuvre ces modèles innovants.
En résumé, le modèle LGD de Varun Nakra a apporté une solution innovante à un défi majeur du secteur bancaire : anticiper et se prémunir contre les pertes sur prêts en période de crise. Son adoption par les grandes banques et les régulateurs témoigne de son efficacité. Mais au-delà de ce succès, le modèle ouvre la voie à une nouvelle ère de la gestion des risques, où l’IA et la finance durable joueront un rôle clé pour assurer la stabilité et la résilience du système bancaire face aux défis à venir.