Le Nouveau Président De La FCC Veut Interdire TikTok Et Remanier La Section 230

Alors que le président élu Donald Trump était attendu pour stopper l’interdiction imminente de TikTok, ses nominations politiques laissent présager le contraire. Trump a annoncé dimanche avoir choisi Brendan Carr pour présider la Federal Communications Commission (FCC), qui régule Internet, les médias et les communications. Carr, nommé à la FCC par Trump en 2017, est l’auteur du chapitre sur la FCC du Project 2025 de l’Heritage Foundation, où il expose un programme parfois en contradiction avec les promesses du président élu.

Une menace pour la sécurité nationale ?

Dans le Project 2025, Carr écrit : « TikTok représente un risque sérieux et inacceptable pour la sécurité nationale de l’Amérique. Il offre aussi à Pékin l’opportunité de mener une campagne d’influence étrangère en déterminant les informations que l’application fournit à des millions d’Américains. » Bien qu’aucune preuve publique n’indique que le gouvernement chinois ait accédé aux données des utilisateurs américains de TikTok, il a été prouvé que ByteDance, la maison mère chinoise de TikTok, y a eu accès.

La position actuelle de Trump visant à annuler l’interdiction de TikTok est surprenante, étant donné qu’il avait signé un décret pour essentiellement bannir l’application en 2020, à la fin de son premier mandat. Mais après l’arrivée au pouvoir de Joe Biden, le décret de Trump est devenu caduc. Cependant, sous Biden, le gouvernement est finalement parvenu à une conclusion similaire.

Trump veut favoriser Facebook, un « ennemi du peuple » ?

« Sans TikTok, vous pouvez rendre Facebook plus grand, et je considère Facebook comme un ennemi du peuple », a déclaré Trump à CNBC en mars, un sentiment qu’il a aussi partagé sur Truth Social, affirmant que l’entreprise de Mark Zuckerberg est « un véritable ennemi du peuple. » Dans sa déclaration sur la nomination de Carr, Trump n’aborde pas leurs divergences apparentes, le qualifiant de « guerrier de la liberté d’expression ».

Méfiance envers les équipements de télécommunication chinois

Les inquiétudes de Carr sur l’influence chinoise s’étendent à la vente d’équipements de communication chinois, comme les téléphones portables. Actuellement, Huawei ne peut pas vendre d’équipements aux États-Unis sans l’approbation de la FCC. Carr pense que la FCC devrait être plus vigilante dans l’évaluation des produits des fabricants chinois. Il veut même investir 3 milliards de dollars supplémentaires dans le programme « rip and replace » qui rembourse les fournisseurs de communications pour le remplacement des équipements Huawei et ZTE.

Démanteler le « cartel de la censure » et revoir la Section 230

Bien que Carr ait adopté une approche largement dérégulée de la FCC, il est catégorique sur l’imposition de restrictions accrues aux entreprises technologiques. « Nous devons démanteler le cartel de la censure et restaurer les droits à la liberté d’expression des Américains », a-t-il écrit sur X (ex-Twitter). Cette position s’étend à la Section 230, une partie de la loi sur la décence des communications qui protège les fournisseurs de services en ligne de toute responsabilité concernant le contenu généré par les utilisateurs qu’ils hébergent.

Des organisations comme l’Electronic Frontier Foundation (EFF) soutiennent que l’annulation de cette législation bipartisane, en vigueur depuis plus de 25 ans, pourrait menacer la liberté d’expression sur Internet. Mais Carr pousse à une réforme de la Section 230 au motif qu’elle permet aux plateformes de médias sociaux de « chasser les points de vue politiques divergents de la place publique numérique. »

La Section 230 déjà mise à l’épreuve devant la Cour suprême

La Section 230 a fait l’objet de contestations juridiques au niveau de la Cour suprême, mais n’a pas encore subi de réformes majeures. L’année dernière, la Cour suprême a statué en faveur de Twitter et Google dans deux affaires connexes visant à tenir les plateformes responsables d’avoir hébergé du contenu de l’État islamique faisant la promotion de l’organisation terroriste en lien avec des attaques violentes.

La même Cour suprême qui a présidé ces affaires restera aux commandes dans un avenir prévisible, et il est possible qu’elle entende d’autres contestations de la loi sur Internet dans les années à venir. Les nominations de Trump à la FCC laissent présager des bouleversements potentiels pour les géants de la tech, malgré ses positions publiques parfois contradictoires sur ces questions.

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