Le Royaume-Uni traverse une période difficile en ce qui concerne sa position dans la course mondiale des supercalculateurs. Selon les dernières données du projet Top500, qui classe les 500 systèmes informatiques les plus puissants au monde, le pays ne compte plus aucun supercalculateur dans le top 50. Une situation préoccupante qui soulève des questions sur l’avenir de la recherche et de l’innovation britanniques.
Une chute vertigineuse dans le classement
L’actuel supercalculateur national du Royaume-Uni, Archer2, approche de sa fin de vie prévue en 2026. Mais ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle. Selon les derniers chiffres, il se situe désormais à la 62ème place mondiale, en baisse par rapport à la 49ème place en juin et à la 38ème en novembre dernier. Une dégringolade spectaculaire qui intervient peu après que le nouveau gouvernement travailliste ait abandonné les plans de l’exécutif précédent d’investir 800 millions de livres (environ 1 milliard de dollars) dans un nouveau supercalculateur « exascale » à l’Université d’Édimbourg.
Nous ne pouvons pas être un pays de l’ampleur de la Grande-Bretagne sans supercalculateur. Cela bloquerait l’avancement de la science et de l’innovation britanniques.
– Professeur Mark Parsons, Centre de calcul parallèle d’Édimbourg (EPCC)
Un coup dur pour la recherche et l’innovation
Les supercalculateurs jouent un rôle essentiel dans de nombreux domaines scientifiques et industriels de pointe :
- Modélisation du climat et prévisions météorologiques
- Conception de nouveaux matériaux et médicaments
- Simulations complexes en physique, chimie, biologie…
- Intelligence artificielle et apprentissage automatique
Sans un supercalculateur de classe mondiale, le Royaume-Uni risque de prendre un retard considérable dans ces domaines stratégiques. Les chercheurs britanniques pourraient se voir contraints de mener leurs travaux à l’étranger, provoquant une fuite des cerveaux préjudiciable à l’économie et au rayonnement scientifique du pays.
Un besoin urgent d’investissements
Pour rattraper son retard, le Royaume-Uni doit impérativement relancer ses investissements dans les supercalculateurs et les infrastructures de recherche associées. Les experts estiment qu’un budget d’au moins 1 milliard de livres serait nécessaire sur les 5 prochaines années pour doter le pays d’un système de classe exascale, capable d’effectuer au moins un milliard de milliards (10^18) d’opérations par seconde.
Mais au-delà de l’aspect financier, c’est toute une stratégie nationale qu’il faut mettre en place pour :
- Former les talents en calcul haute performance et analyse de données massives
- Structurer des écosystèmes de recherche et d’innovation autour des supercalculateurs
- Nouer des partenariats industriels pour transformer les avancées scientifiques en applications concrètes
Cette stratégie doit s’inscrire dans une vision à long terme, transcendant les clivages politiques. Car l’enjeu n’est autre que la place du Royaume-Uni parmi les grandes puissances scientifiques et technologiques du 21e siècle. Faute d’un sursaut rapide, le pays court le risque d’un décrochage durable, voire irréversible, dans la compétition internationale pour l’innovation et la croissance.
Conclusion
La sortie du Royaume-Uni du top 50 mondial des supercalculateurs est un signal d’alarme qui doit être pris très au sérieux par les décideurs politiques et économiques britanniques. Il en va de la capacité du pays à rester dans le peloton de tête de la recherche scientifique et de l’innovation technologique au niveau mondial. Un défi d’autant plus crucial à l’heure où les grandes puissances, États-Unis et Chine en tête, se livrent une course effrénée pour développer les calculateurs les plus performants. Le Royaume-Uni saura-t-il trouver les ressources et la volonté pour rester dans la course ? L’avenir nous le dira, mais il y a urgence à agir.