En 2024, le paysage du capital-risque dans la Silicon Valley a été marqué par un véritable jeu de chaises musicales. De nombreux investisseurs de renom ont quitté les firmes historiques où ils officiaient depuis des années pour créer leurs propres structures ou rejoindre de nouveaux fonds prometteurs. Un phénomène surprenant tant les capital-risqueurs, surtout au niveau Partner, sont réputés pour leur stabilité et leur fidélité à leur firme. Quelles sont les raisons de ces mouvements ? Quelles en seront les conséquences sur le financement des startups ? Découvrons ensemble les changements majeurs intervenus chez les VCs en 2024.
Un écosystème en pleine mutation
Malgré leur réputation de stabilité, 2024 a apporté son lot de départs et de mouvements chez les capital-risqueurs de la Silicon Valley. Parmi les événements marquants :
- Le départ de Keith Rabois de Founders Fund pour rejoindre Khosla Ventures, son ancienne firme
- Plusieurs Partners d’Andreessen Horowitz comme Connie Chan ou Sriram Krishnan qui quittent pour lancer leurs propres projets
- Des investisseurs comme Vic Singh qui abandonnent la firme qu’ils ont co-fondée pour créer leur propre structure
La longévité habituelle des partenariats en capital-risque, rythmés par les cycles de 10 ans des fonds, rend ces mouvements d’autant plus atypiques et révélateurs de mutations profondes.
L’appel de l’indépendance et des convictions fortes
Si chaque départ a ses raisons propres, des tendances se dégagent parmi les motivations des capital-risqueurs pour changer de cap en 2024 :
- L’envie de lancer sa propre structure pour gagner en indépendance et se recentrer sur sa thèse d’investissement
- La volonté de se concentrer sur des secteurs de conviction, comme l’intelligence artificielle ou la biotech
- Le souhait de revenir à un modèle de venture capital plus classique, centré sur l’early stage
Après 15 ans chez Eniac Ventures qu’il a cofondé, Vic Singh a annoncé son départ pour lancer son propre fonds, déclarant vouloir se « recentrer sur l’essentiel : l’accompagnement en profondeur des entrepreneurs en early stage ».
– Vic Singh, co-fondateur d’Eniac Ventures
Un désir d’indépendance et d’alignement avec leurs convictions qui pousse donc de nombreux investisseurs à quitter le navire amiral pour monter à bord de leur propre embarcation. Avec à la clé, l’espoir de générer de meilleures performances.
Les conséquences pour les startups et le financement de l’innovation
Ces mouvements en cascade des capital-risqueurs ne sont pas sans conséquence sur l’écosystème des startups. D’un côté, ils apportent un vent de fraîcheur et de nouveaux acteurs sur le marché du financement :
- Les Partners qui lancent leurs propres fonds apportent une nouvelle offre de capital aux startups early stage
- Leurs décisions d’investissement sont potentiellement plus agiles car débarrassées des lourdeurs organisationnelles de grands fonds
D’un autre côté, ces changements soulèvent des incertitudes :
- Le départ de Partners star peut affaiblir la marque et le dealflow de certains fonds établis
- Le lancement de nombreux fonds crée une compétition accrue pour les deals
Les startups se retrouvent face à un paysage du capital-risque en plein bouleversement. Plus fragmenté, plus compétitif aussi. Elles devront redoubler de discernement pour trouver les bons partenaires financiers dans ce contexte.
– Julia Holtz, CEO de Canopy
Quelle physionomie pour le venture capital de demain ?
Au-delà des innovations portées par les startups, c’est le secteur du venture capital en lui-même qui semble muter sous nos yeux. Les mouvements des investisseurs en 2024 laissent entrevoir le visage du VC de demain dans la Silicon Valley :
- Un marché plus éclaté entre fonds établis et nouvelles boutiques spécialisées lancées par d’anciens Partners
- Une concurrence accrue pour financer les meilleurs entrepreneurs et s’associer aux prochaines licornes
- Des thèses d’investissement plus tranchées et verticalisées sur des domaines technologiques précis
Si tous les signaux ne sont pas encore stabilisés, une chose est sûre : le capital-risque est entré dans une phase de mutation, inédite par son ampleur et son rythme. Les capital-risqueurs sont bel et bien en train de redistribuer les cartes. Aux entrepreneurs de savoir les jouer au mieux pour propulser leurs projets. Le jeu ne fait que commencer.