Le gouvernement français a dévoilé sa sélection annuelle des startups technologiques les plus prometteuses du pays. Baptisé French Tech 120, ce programme met en avant 120 jeunes pousses tricolores à fort potentiel, dont un sous-ensemble de 40 entreprises considérées comme les plus susceptibles de devenir des leaders mondiaux, les Next40.
Cette cinquième promotion, présentée par Marina Ferrari, secrétaire d’État chargée de la Transition numérique, lors de la semaine VivaTech à Paris, se veut particulièrement sélective. Les critères ont évolué pour donner plus de poids aux performances économiques que aux levées de fonds, suite aux recommandations d’experts.
Des chiffres éloquents
Résultat, seules 28 des 120 entreprises affichent une valorisation supérieure au milliard d’euros. En revanche, le chiffre d’affaires cumulé atteint les 10 milliards d’euros en 2023 contre 7,5 milliards l’année précédente. Et 31 d’entre elles ont généré plus de 100 millions d’euros de revenus.
Intelligence artificielle et deep tech en force
Au-delà des chiffres, cette sélection confirme des tendances de fond qui dynamisent l’écosystème français. L’intelligence artificielle et les technologies de rupture dites « deep tech » y occupent une place de choix, représentant près d’un quart des lauréats.
Parmi les nouveaux entrants dans le Next40, on note ainsi la présence remarquée de Mistral AI, spécialiste des grands modèles de langage qui ne compte qu’un an d’existence mais vaudrait déjà 6 milliards de dollars. Ou encore les startups de calcul quantique Pasqal et d’IA pour la pharmacie AQEMIA.
Le virage écolo des startups
L’autre fait marquant est l’importance des greentech, ces jeunes pousses positionnées sur la transition écologique et énergétique. Elles constituent 30% de la promotion 2024, en phase avec leur poids dans les investissements l’an dernier (2,7 milliards d’euros selon EY).
Parmi elles, trois fournisseurs d’énergie verte font leur entrée dans le Next40 : Ekwateur, ilek et Qair. Signe que la French Tech prend un virage écolo, poussée par des aides publiques ciblées.
Cap sur l’international
Si ce palmarès traduit les forces de l’écosystème français, il reflète aussi ses ambitions à l’export. 88% des entreprises sélectionnées sont déjà présentes physiquement ou commercialement à l’international. Un chiffre en hausse constante.
Pour les y aider, le label French Tech 120 offre un accompagnement sur mesure et un accès privilégié aux services publics. L’objectif : faire émerger des « champions » tricolores capables de rivaliser avec les géants de la tech.
Des introductions en Bourse en vue ?
Reste à savoir lesquelles de ces pépites tech franchiront un cap en Bourse. Car si la French Tech 120 se veut un vivier de futurs membres du CAC40, les incertitudes économiques ont plombé les IPO. Euronext n’a ainsi accueilli que 64 nouvelles cotations en 2023, contre 212 en 2021.
Parmi les prétendants crédibles, on peut citer le tout nouveau membre du Next40 Pennylane. Cet éditeur de logiciels de comptabilité est devenu licorne en février en levant 50 millions d’euros. De quoi nourrir des projets de croissance ambitieux.
En quête de licornes rentables
Au-delà du statut de licorne et des méga-levées de fonds, la quête de la French Tech est désormais de faire émerger des startups rentables et pérennes. Un défi de taille dans un contexte de baisse des investissements, qui ont chuté de 13,5 à 8,3 milliards d’euros entre 2022 et 2023 selon EY.
Pour y parvenir, le programme mise sur un accompagnement sur mesure des 120 lauréats, avec un accès privilégié aux administrations publiques et grands groupes via l’initiative « Je choisis la French Tech » lancée en 2023. Une main tendue bienvenue à l’heure où les marchés réclament des preuves de viabilité économique.
Rendez-vous dans un an pour juger si cette stratégie portera ses fruits et si de nouvelles licornes made in France crèveront l’écran. Une chose est sûre : avec des startups positionnées sur des tendances porteuses comme l’IA, la deeptech ou la greentech, la French Tech a des atouts dans sa manche pour faire rayonner le savoir-faire technologique tricolore.
