En 2024, les startups issues du célèbre accélérateur Y Combinator semblent vouloir changer la donne en matière de levées de fonds seed. Beaucoup ne cherchent à lever que de petits montants, entre 1,5 et 2 millions de dollars, avec des valorisations post-money autour de 15 millions de dollars. Mais il y a un hic : elles ne veulent céder que 10% de leur capital, en plus des 7% déjà pris par Y Combinator. Une pilule difficile à avaler pour de nombreux investisseurs institutionnels habitués à prendre 20% lors d’un tour d’amorçage.
Des startups confiantes grâce au label YC
Ces jeunes pousses semblent persuadées que le simple fait d’avoir été sélectionnées par Y Combinator leur permet de dicter leurs conditions. Beaucoup ont déjà levé la majorité de leur round auprès de business angels, ne laissant que quelques centaines de milliers de dollars de parts disponibles. Loren Straub de Bowery Capital confie avoir parlé à une dizaine de startups dans ce cas, rendant impossible d’obtenir une participation à deux chiffres.
Il était impossible d’obtenir une participation à deux chiffres dans aucun des deals.
– Loren Straub, Bowery Capital
L’aura de Y Combinator s’estompe-t-elle ?
Si les startups YC pensent pouvoir se passer d’investisseurs traditionnels, c’est peut-être qu’elles surestiment l’attrait du label Y Combinator. Avec des cohortes avoisinant les 400 startups par le passé, beaucoup considèrent que la sélectivité du programme a diminué. Sans parler des valorisations jugées excessives par de nombreux VC. Un sondage TechCrunch révélait d’ailleurs que beaucoup boudent désormais les startups YC pour cette raison.
Mieux vaut lever moins que trop
Lever des petits tickets n’est pas forcément une mauvaise stratégie. Beaucoup de startups ayant levé des gros seed rounds en 2020-2021 avec des valorisations élevées le regrettent maintenant, au vu des difficultés sur le marché des Series A. En levant moins et en donnant moins de capital, les startups peuvent mieux grandir avant une vraie levée seed.
Le risque de manquer de carburant
Le revers de la médaille, c’est le manque de capitaux qui guette les startups sous-financées. Amy Cheetham de Costanoa Ventures s’inquiète :
Je m’inquiète que ces entreprises finissent par manquer de capitaux. Elles devront lever un seed plus ou ce dont elles ont besoin. Il y a un problème avec cette structure.
– Amy Cheetham, Costanoa Ventures
Sans investisseur principal dévoué, difficile aussi de trouver des fonds d’urgence si besoin. Beaucoup de startups en ont fait les frais en 2022 lorsque les temps sont devenus durs.
Attendre la Series A, la vraie opportunité ?
Finalement, ce nouveau paradigme pourrait profiter aux investisseurs prêts à miser sur la Series A. C’est en tout cas le pari d’Amy Cheetham :
Je suis probablement plus enthousiaste à l’idée de revenir pour mener des Series A de deals qui étaient dans une batch il y a un ou deux ans. Le meilleur des entreprises, le tour de seed a semblé un peu difficile à investir en ce moment.
– Amy Cheetham, Costanoa Ventures
Une chose est sûre : le marché du capital-risque est en train de se réinventer, challengé par de nouveaux modèles et la quête d’indépendance des entrepreneurs. Reste à voir si les glorieuses licornes de demain sauront émerger de ces petites graines plantées avec parcimonie.