Imaginez un monde où les embouteillages appartiendront au passé et où vous pourrez vous déplacer rapidement d’un point à un autre de la ville à bord de taxis volants électriques. Ce rêve est sur le point de devenir réalité grâce à une décision historique du gouvernement américain qui vient de donner un formidable coup de pouce aux startups de mobilité aérienne urbaine, également appelées eVTOL (aéronefs électriques à décollage et atterrissage vertical).
Un feu vert historique pour une nouvelle catégorie d’aéronefs
La Federal Aviation Administration (FAA) vient de publier sa décision tant attendue autorisant l’intégration des véhicules « powered-lift » dans l’espace aérien américain, aux côtés des avions et des hélicoptères. Cette catégorie, remise au goût du jour il y a deux ans pour accueillir les eVTOL, désigne des aéronefs capables de décoller et d’atterrir verticalement comme des hélicoptères, puis de passer en vol horizontal comme des avions.
Les aéronefs à sustentation motorisée sont la première nouvelle catégorie d’aéronefs depuis près de 80 ans et cette règle historique ouvrira la voie à l’accueil d’opérations de mobilité aérienne avancée (AAM) à grande échelle à l’avenir.
– Mike Whitaker, administrateur de la FAA
Cette décision contient également des directives pour la formation des pilotes et clarifie les règles d’exploitation. Par exemple, en plus d’un nouveau type de certification de pilote de véhicule à sustentation motorisée, la décision inclut une capacité élargie pour les opérateurs de former et de qualifier les pilotes à l’aide de dispositifs de simulation de vol. Les règles d’exploitation sont adaptées spécifiquement aux véhicules à sustentation motorisée et, à ce titre, permettent aux eVTOL de passer des règles pour hélicoptères aux règles pour avions selon les besoins.
Les startups en pole position pour lancer leurs services
Des startups comme Joby Aviation, Archer Aviation, Beta Technologies et Wisk Aero, qui développent des aéronefs pour les réseaux de taxis aériens urbains, la défense, le fret et la logistique médicale, travaillent en étroite collaboration avec la FAA depuis 2022 pour élaborer ce nouvel ensemble de règles pour la formation, l’exploitation et la maintenance.
La décision de la FAA correspond à tous les espoirs pour lesquels nous avions conçu notre aéronef. La façon dont nous avons conçu le système d’exploitation, le cockpit, les réserves d’énergie, tout est aligné avec la règle de la FAA.
– Greg Bowles, responsable des affaires gouvernementales chez Joby Aviation
Joby Aviation, l’un des leaders du secteur, a récemment reçu une injection de capital de 500 millions de dollars de la part de Toyota pour l’aider à franchir la ligne d’arrivée. La startup pourra commencer ses opérations commerciales dès qu’elle aura obtenu sa certification de type de la part de la FAA, ce qui signifie que la conception de son aéronef et des principaux composants répondent aux normes de sécurité et de navigabilité requises. Joby en est à la quatrième des cinq étapes de la certification de type.
Un marché prometteur qui attire les investisseurs
Avec cette décision, c’est tout un pan de l’économie qui s’apprête à décoller. Selon une étude de Morgan Stanley, le marché de la mobilité aérienne urbaine pourrait peser 1 500 milliards de dollars à l’horizon 2040. De quoi aiguiser l’appétit des investisseurs, qui voient dans les eVTOL l’opportunité de révolutionner les transports urbains tout en réduisant les émissions de CO2.
Les startups du secteur ont levé des sommes colossales ces dernières années :
- Joby Aviation : 820 millions de dollars levés depuis sa création en 2009
- Archer Aviation : 856 millions de dollars levés depuis sa création en 2018
- Lilium : 375 millions de dollars levés depuis sa création en 2015
Cette manne financière leur permet d’accélérer le développement de leurs aéronefs et de se préparer au lancement commercial de leurs services, prévu dès 2025 pour certaines d’entre elles comme Joby Aviation et Archer Aviation.
Des défis techniques et réglementaires encore à relever
Si la décision de la FAA marque une étape décisive, il reste encore de nombreux défis à relever avant de voir des flottes de taxis volants sillonner le ciel des villes. Au-delà de la certification des appareils, il faudra mettre en place toute l’infrastructure nécessaire :
- Des vertiports (aéroports pour eVTOL) sur les toits d’immeubles ou dans des espaces dédiés
- Un système de gestion du trafic aérien adapté à la densité et à la automatisation des vols
- Des procédures standardisées pour les opérations au sol (recharge des batteries, maintenance, embarquement/débarquement des passagers…)
Il faudra également convaincre le grand public que ce nouveau mode de transport est sûr, abordable et pratique. Les premiers services seront sans doute réservés à une clientèle fortunée, prête à payer le prix fort pour gagner du temps. Mais à terme, l’objectif est de démocratiser l’accès aux taxis volants pour en faire une alternative crédible à la voiture en ville.
Des retombées économiques et environnementales majeures
Au-delà de la prouesse technologique, le développement de la mobilité aérienne urbaine promet des retombées majeures pour la société :
- Gain de temps et de productivité pour les usagers, avec des trajets 3 à 5 fois plus rapides qu’en voiture ou en transports en commun
- Création de dizaines de milliers d’emplois qualifiés dans la conception, la production et l’exploitation des eVTOL
- Réduction de l’empreinte carbone des transports, avec des appareils 100% électriques et peu bruyants
- Désengorgement du trafic routier et amélioration de la qualité de vie en ville
La mobilité aérienne urbaine pourrait ainsi contribuer à façonner les villes du futur, plus fluides, plus respirables et plus agréables à vivre. Un enjeu crucial à l’heure où la population urbaine ne cesse de croître dans le monde.
Conclusion
Avec le feu vert du gouvernement américain, les startups de eVTOL ont désormais le champ libre pour faire décoller leur business et révolutionner notre façon de nous déplacer en ville. Un marché prometteur qui attire les investisseurs et les grands groupes, prêts à miser des milliards sur cette technologie de rupture. Reste à transformer l’essai en relevant les défis techniques, réglementaires et sociétaux qui se dressent encore sur la route des taxis volants. Mais une chose est sûre : la mobilité aérienne urbaine est en train de passer du rêve à la réalité, et elle pourrait bien changer notre vie dans les années à venir.